Nortel vend deux divisions d'opto-électronique à Bookham

Une nouvelle étape dans une (très) longue restructuration pour Nortel, une opération de croissance audacieuse pour le spécialiste qu'est Bookham: ainsi peut-on résumer l'accord annoncé ce matin par le premier producteur mondial de fibre optique et par le fabricant britannique de composants. Bookham s'apprête en effet à reprendre à Nortel - déjà l'un de ses principaux clients - deux activités, les transmetteurs et récepteurs optiques d'une part, les amplificateurs optiques d'autre part, qu'il échangera contre une participation importante dans son capital. Faute de liquidités, Bookham paiera en effet le Canadien essentiellement sous forme de titres : 61 millions d'actions vont être créées, représentant 29,78% du capital au final. S'y ajouteront des certificats, des obligations et, quand même, 10 millions de dollars américains en cash, destinés à couvrir les frais de restructuration supportés par Nortel. Au total, le montant de l'opération atteint 111,6 millions de dollars sur la base du cours de clôture de Bookham vendredi soir, soit 71,2 millions de livres. Un montant supérieur à la capitalisation boursière actuelle de Bookham, tombée à 68 millions de livres. A ce montant, il faut ajouter l'engagement de Nortel à acheter au minimum 120 millions de dollars de composants et de services à Bookham au cours des six prochains trimestres ; un accord commercial qui se prolongera par la suite à d'autres conditions. Au premier semestre de cette année, les activités reprises par Bookham ont généré un chiffre d'affaires de 40,8 millions de livres (64 millions de dollars). Le groupe britannique reprendra la quasi totalité des 1.300 salariés des activités concernées, dont 800 sont déjà basés au Royaume-Uni. Dix mois après avoir repris les activités de composants de Marconi, Bookham poursuit donc sa stratégie de croissance externe sur un marché de l'optique en pleine crise. Le rachat des deux divisions de Nortel devrait en faire le n°3 mondial des composants optiques, derrière les Américains JDS Uniphase et Agere. Pour rentabiliser son investissement d'aujourd'hui, le groupe britannique table sur les économies d'échelle, bien sûr, mais aussi sur la diversification des débouchés des deux divisions reprises à Nortel, qui pourront désormais plus facilement s'adresser aux concurrents directs de leur ex-maison mère."Nous pensons que le marché des communications optiques a un bon potentiel à long terme, même si les conditions sont déprimées en ce moment et sont destinées à le rester pendant les prochains trimestres", admet le PDG de Bookham, Giorgio Anania. Les résultats trimestriels du groupe, attendus le 29 octobre, devraient être marqués par cette déprime : Bookham prévoit un chiffre d'affaires de 7,5 millions de livres (11,7 millions de dollars), en hausse de 6% sur le deuxième trimestre, mais le cash-flow devrait marquer un net recul. Début juillet, Bookham avait annoncé la fermeture de deux unités de production et la suppression de 70 emplois, soit 9% de ses effectifs. Des mesures de rationalisation qui n'ont pas suffi à rassurer les investisseurs : en Bourse, la valeur de Bookham a été divisée par deux en cinq mois, par quatre sur un an... et par 100 depuis le sommet atteint durant l'été 2000.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.