Alcatel recule après la baisse de sa note et les propos de son PDG

Nouvelle journée noire pour Alcatel sur les marchés : après avoir rebondi de près de 14% mercredi, le titre a abandonné 5,41% au cours de la dernière journée boursière de la semaine, pour clôturer à 2,45 euros, après avoir affiché en séance une baisse supérieure à 8%. L'équipementier de télécoms subit en fait un double choc, après les déclarations peu encourageantes de son PDG Serge Tchuruk sur l'évolution à court terme de ses marchés, et surtout après la décision de Standard & Poor's d'abaisser une nouvelle fois la note financière à long terme du groupe. Standard & Poor's a décidé, sur la base du profit warning du mois dernier, de ramener à B+, contre BB+, la note de la dette à long terme d'Alcatel. La note à court terme, elle, reste à B et la perspective demeure négative. Leandro de Torres Zabala, directeur de S&P Corporate Ratings Europe, explique que cet abaissement de note "reflète une nouvelle chute sévère des investissements en équipements des opérateurs de télécoms et le manque de visibilité sur l'activité". "Même si Alcatel n'a pas à affronter de problème de liquidité à court terme, une détérioration supplémentaire des conditions de marché accroîtrait la pression sur sa liquidité à moyen terme", poursuit-il. S&P évalue la trésorerie du groupe à 4 milliards d'euros pour une dette inférieure à 6 milliards, mais souligne que 1,2 milliard d'euros de dettes arrivent à échéance au cours des quinze prochains mois.Seule consolation pour Alcatel : "la qualité de crédit du groupe est jugée relativement supérieure à celle de ses concurrents américains Nortel Networks et Lucent Technologies", admet S&P, qui explique cette singularité par une moindre exposition au marché américain, l'un des plus touchés par la crise, et globalement au secteur des télécoms dans son ensemble, grâce aux divisions Espace et Composants du groupe.En dépit de ce point positif, Alcatel a jugé nécessaire de répliquer à S&P, une démarche assez inhabituelle. Dans un communiqué, le groupe estime que l'agence de notation "sous-estime sa solidité financière et le plan mis en place pour surmonter la crise". Et il en profite pour annoncer, sans donner aucun détail, qu'il a "décidé ce jour de racheter une partie de sa dette obligataire".Interrogé dans la matinée sur LCI, Serge Tchuruk n'avait pas pu commenter la décision de S&P. Mais il avait qualifié les agences de notation de "pompiers pyromanes" en regrettant qu'il n'y ait "pas vraiment de contre-pouvoir actuellement" à ces agences. Le patron du groupe avait par ailleurs expliqué que le marché des équipements de télécommunications allait "continuer à se contracter au second semestre" et que la tendance pour l'année 2003 était encore difficile à distinguer. "La question est de savoir ce qu'il va se passer l'année prochaine", a-t-il reconnu en admettant qu'il "ne faut pas s'attendre à des merveilles". Il y a deux semaines, le groupe a annoncé que ses ventes du troisième trimestre avaient reculé de 15% par rapport aux trois mois précédents et que celles du second semestre seraient en baisse de 10% sur celles du premier. Au total, le chiffre d'affaires des six derniers mois de l'année devrait afficher un recul de 36% sur un an.Les déclarations pessimistes de Serge Tchuruk à LCI servent sans doute à justifier a posteriori les réductions d'effectifs annoncées le 20 septembre, portant à 23.000 les emplois menacés au sein du groupe d'ici la fin 2003. Mais elles n'ont évidemment pas soulagé les investisseurs. Et ce même si Serge Tchuruk se dit "certain que la perspective de long terme, c'est de nouveau un marché de croissance".
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