Un entretien avec David Holder, co-président du groupe Holder

Rencontrer David Holder est un événement en soi. Bien entendu parce qu'il co-préside aux destinées du groupe familial, mais aussi parce que son enthousiasme, son expertise et son souci de l'excellence en font un interlocuteur passionnant.Le groupe vient d'ouvrir un quatrième salon Ladurée à Paris rue Bonaparte. A cette occasion, nous avons demandé à David Holder, co-président du groupe, de nous exposer les perspectives de développement de celui-ci.Yves Sassi : Votre groupe a créé depuis une vingtaine d'année près de 300 points de vente en propre. Depuis bientôt deux ans, une politique de recrutement de partenaires a été lancée. Pourquoi ?David Holder : Il s'agit bien entendu d'intensifier nos implantations, mais aussi de les rendre plus qualitatives. Lorsque nous cédons une succursale à un franchisé, il réalise un CA supérieur de l'ordre de 15 à 30 %, simplement parce qu'il est plus motivé qu'un salarié. De plus, dans un groupe comme le nôtre, il est difficile de trouver du personnel motivé qui adhère pleinement à une philosophie d'entreprise. Dans un point de vente, franchisé, c'est plus facile. Je cours après l'excellence et j'ai du mal à y arriver avec des salariés. En France, il y a un réel problème. La culture du travail bien fait est en train de disparaître.Pour expliquer un peu notre "culture", il faut se souvenir que nous sommes boulanger depuis plus de 200 ans, avec un réel savoir faire artisanal, qui demeure et auquel nous tenons absolument et qui nous confère une réelle légitimité dans notre métier.Lorsque nous avons créé les premiers magasins Paul, ils l'ont été avec ce souci de demeurer des artisans boulangers. Il nous semblait difficile d'imposer notre savoir-faire à des partenaires extérieurs, sans prendre le risque de perdre un peu notre âme.Ce choix nous a donc permis de parfaitement maîtriser notre développement. Mais le contexte familial du groupe présente bien entendu quelques inconvénients: · Des moyens financiers limités · Une culture et des structures franco-françaises · Pas de ressources humaines suffisantes pour un développement international. Pour poursuivre l'expansion entamée, nous nous devons d'être présents à l'export. Et là, les alliances sont incontournables.Notre croissance à l'export sera donc conduite en partenariat avec des groupes locaux. Mais ces partenaires doivent "tomber amoureux" de nos concepts et de la qualité des produits. Je vois trop d'enseignes françaises, notamment en boulangerie, implantées au Japon, qui perdent leur âme, leur identité. Les concepts sont progressivement modifiés par les franchisés locaux qui modifient les recettes de fabrication, proposent des pâtisseries japonaises... Petit à petit, ce qui faisait l'originalité du French Touch disparaît. Notre partenaire japonais est propriétaire d'une chaîne de boulangerie, C'est un professionnel qui a bien compris l'importance du respect du concept initial. C'est d'ailleurs notre identité qui l'a séduit.Au Moyen Orient, par exemple, notre partenaire est un professionnel du retail. Il est déjà franchisé de Virgin, Zara...Au Maroc, ce sont des exploitants de supermarchés. Concernant les USA, c'est un défi que nous nous lançons mon frère et moi. Nous sommes en cours de négociation avec un groupe américain pour l'implantation (après 18 mois de test, qui démarrent dans les semaines qui viennent,) d'un millier de magasins Paul sur 10 à 15 ans. Les objectifs sont très ambitieux, mais c'est ainsi que nous pouvons intéresser des groupes locaux de qualité.Nous connaissons bien les USA pour y avoir créé l'enseigne La Madeleine, cédée à un groupe local, puis reprise récemment par le groupe Le Duff. Cette expérience nous donne des atouts supplémentaires.Quels sont les partenaires que vous recherchez?A l'étranger, ce sont des groupes qui maîtrisent parfaitement le développement de concepts ainsi que la gestion, l'ingénierie, la formation...En France, nous avons des partenaires franchisés tels que Elior (spécialiste des marchés concédés) qui gèrent les boutiques Paul dans les gares, aéroports, autoroutes... Puis les franchisés traditionnels, qui ne sont pas, en général des professionnels de la boulangerie. Mais nous sommes extrêmement sélectifs et favorisons chaque fois que cela est possible les salariés qui souhaitent créer leur entreprise.
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