Air Lib doit revoir son plan de restructuration

Air Lib a besoin d'une stratégie de rechange qui tienne la route. C'est en substance le message délivré par le gouvernement après la rencontre entre le ministre des Transports, Gilles de Robien, son secrétaire d'Etat, Dominique Bussereau et le PDG de la compagnie aérienne en restructuration, l'ex-pilote Jean-Charles Corbet. Dans un verdict sans appel, Gilles de Robien a en effet estimé que le projet de restructuration qui lui a été présenté "ne saurait constituer un plan de retour à la viabilité".Repreneur en août 2001 de l'ex-AOM-Air Liberté, Jean-Charles Corbet a désormais jusqu'au 8 novembre pour transmettre au ministère "les éléments indispensables à une appréciation complète des propositions", et notamment les hypothèses retenues "relatives à la rentabilité des nouvelles lignes, aux nouveaux produits envisagés et aux conditions de financement d'un redressement durable".La date du 8 novembre n'est pas choisie au hasard : c'est le lendemain qu'arrive à échéance le prêt de 30,5 millions d'euros accordé après les attentats du 11 septembre par le FDES, le fonds européen de développement économique et social. Et Paris devra alors trancher : s'il veut éviter à Air Lib d'avoir à rembourser ce prêt, ce qui mènerait la compagnie à la cessation de paiements, le gouvernement devra plaider à Bruxelles la transformation du prêt en aide à la restructuration. La compagnie, qui a perdu 130 millions d'euros en 2001-2002, prévoit déjà une perte de 60 millions cette année, pour un chiffre d'affaires de 775 millions. Le groupe a en outre accumulé 35 millions d'euros de cotisations sociales, de taxes fiscales et de taxes aéroportuaires impayées durant le moratoire décidé entre avril et juillet dernier. Les menaces de suppressions d'emplois massives - jusqu'à 1.300 postes sur un effectif total de 3.200 personnes - brandies il y a trois semaines par Jean-Charles Corbet en cas de rejet de son plan n'ont donc pas effrayé Gilles de Robien (lire ci-contre). Le PDG du groupe avait alors expliqué que sa survie dépendait de l'attribution de droits de trafic vers des destinations africaines (Ouagadougou, Bamako, Abidjan, Bamako...), plus rentables que les Antilles et La Réunion, directement en concurrence avec le monopole de fait dont jouit Air France depuis la faillite d'Air Afrique.Depuis, Air Lib s'est scindé en deux, créant une société indépendante pour Air Lib Express, la compagnie à bas prix européenne lancée fin mars, qui pourrait rapidement dégager ses premiers bénéfices d'exploitation. A la recherche d'investisseurs pour cette activité et coincé par le gouvernement sur les vols long-courrier, Jean-Charles Corbet pourrait accélérer la séparation entre ces deux pôles d'activité. Une hypothèse qui inquiète évidemment les syndicats et les élus du comité d'entreprise. Ces derniers ont d'ailleurs protesté après avoir été évincés de la réunion entre le ministre et leur PDG.
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