La Société Générale attendue sur la montée des risques

Première des banques françaises cotées à publier ses comptes annuels, c'est jeudi matin que la Société Générale lèvera le voile sur ses résultats 2001 et ses perspectives pour l'année en cours. Deux principaux éléments auront affaibli les comptes de la banque : la remontée des risques en fin d'année, se traduisant par une hausse des provisions, ainsi que la faiblesse persistante des marchés d'actions et son impact négatif sur les métiers de gestion d'actifs et de banque d'investissement. Côté perspectives, à l'instar de ses homologues européens, l'établissement bancaire devrait opter pour la prudence, alors que les marchés financiers continuent de chuter et que les analystes craignent une dégradation de la qualité de crédit des entreprises européennes cette année.Sur l'ensemble de l'année 2001, l'activité de la Société Générale est attendue en très légère baisse par rapport à 2000. Selon le consensus d'analyses compilé par l'agence Reuters, le produit net bancaire s'effriterait de 0,7% à 13,70 milliards d'euros, tandis que le résultat brut d'exploitation accuserait une baisse de 10,7% (3,7 milliards d'euros). C'est une chute de 20,2% que devrait accuser le résultat net, estimé autour de 2,15 milliards d'euros par le marché.Ce plongeon du résultat est la conséquence directe de l'augmentation des provisions passées pour créances douteuses - provisions attendues en hausse de 25% à 953 millions d'euros - alors que l'environnement économique s'est dégradé après les attentats du 11 septembre. Une situation difficile que n'a pas arrangé la crise argentine ni la faillite du courtier en énergie Enron. Avec un total de créances de 230 millions d'euros, la Société Générale est l'établissement financier français le plus exposé au risque Enron derrière le Crédit Lyonnais, devant Axa, le Crédit Agricole ou Dexia (lire article ci-contre).Si l'on considère les différentes lignes de métiers du groupe français, la banque de détail devrait confirmer sa capacité de résistance. Déjà au troisième trimestre, le résultat net de cette division avait progressé au même rythme que les revenus (10%), ce qui avait permis un maintien de la marge nette à 15%. En revanche, le recul continu des marchés d'actions ces derniers mois aura pesé sur les résultats de la gestion d'actifs et de la banque d'investissement dont le pôle actions et conseils en fusions-acquisitions est tombé dans le rouge au troisième trimestre et ce, pour la première fois depuis 1998. Dans la gestion d'actifs, la filiale Société Générale Asset Management (SGAM) parviendra toutefois à limiter la baisse de son activité grâce à la consolidation de l'américain TCW.Dans ce contexte, investisseurs et analystes seront particulièrement attentifs à l'évolution des coûts de la banque l'an dernier et plus encore à sa capacité à en contenir le dérapage cette année.A en croire les propos particulièrement prudents d'ABN Amro la semaine dernière - la banque néerlandaise prévoit une croissance zéro de ses revenus et une hausse de ses provisions -, la Société Générale devrait être particulièrement réservée sur ses perspectives pour l'année en cours. Philippe Leonnard, qui suit le secteur bancaire pour Fortis Securites, craint également une nouvelles hausse des provisions pour créances douteuses en 2002 alors que la reprise économique ne devrait pas intervenir avant la fin de l'année. Dans l'intervalle, la qualité de crédit des entreprises européennes devrait se dégrader.Après trois séances consécutives de baisse au cours desquelles elle a abandonné plus de 7%, l'action Société Générale est enfin parvenue à revenir dans le vert mercredi. Le titre gagne 1,39% à 62 euros à la clôture.Hélène Mazier.
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