Pacte d'instabilité

A Séville, en juin dernier, les Quinze se sont formellement engagés à ramener leurs finances publiques à l'équilibre en 2004. Trois mois plus tard, il leur faut se rendre à l'évidence : cet objectif est hors d'atteinte. Il l'est pour l'Italie. Il l'est également pour la France. Fin juillet, son déficit budgétaire atteignait 37,15 milliards d'euros, contre 28,06 milliards l'an dernier à la même époque, a-t-on appris hier. Pour l'ensemble de l'année, il devrait être proche de 45 milliards d'euros. En 2003, il en sera de même.Car le gouvernement a manifestement renoncé à redresser la barre. "Il faut être moins rigoureux en période de difficulté, comme celle où nous entrons maintenant, et fortement," a expliqué le ministre délégué aux libertés locales, Patrick Devedjian. Et les engagements européens, dans tout cela ? "A l'impossible, nul n'est tenu," répond le ministre des Finances Francis Mer. "L'année prochaine, on aura la nécessité de reprendre le sujet."Les puristes soulignent - et ils ont raison - qu'il ne faut pas confondre les objectifs chiffrés que se sont donnés les Quinze (3% de déficit public au plus, l'équilibre en 2004) et le pacte de stabilité en tant que tel, sorte de code de conduite dont les modalités peuvent être aménagées.Il n'empêche, la facilité avec laquelle certains grands pays européens se préparent à s'affranchir de leurs propres engagements crée une impression fâcheuse. Et pas seulement hors des frontières de l' "Euroland". Les plus vertueux participants à la monnaie unique ont l'impression de faire des efforts pour rien. "Il est essentiel de protéger le pacte de stabilité," avertit le ministre finlandais des Finances Sauli Niinistoe.La suite sera, en partie au moins, déterminée par le résultat des élections allemandes du 22 septembre. S'il reste au pouvoir, Gerhard Schröder sait qu'il devra à tout prix inverser la courbe du chômage, quel qu'en soit le prix. Si la victoire revient à son adversaire chrétien-démocrate Edmund Stoiber, ce dernier pourra se permettre un écart en 2003, au titre d'un héritage forcément désastreux, mais pourrait s'engager à fortement redresser la barre l'année suivante.Une chose est sûre : il ne faudra pas compter sur la croissance pour gonfler les recettes fiscales. Elle pourrait être inférieure à 1% dans la zone euro cette année. Un conflit prolongé en Irak pourrait étouffer toute vélléité de reprise l'an prochain. Le respect du pacte de stabilité, qu'il s'agisse de son esprit comme de sa lettre, ne serait alors plus que très accessoire.
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