Infogrames laisse les marchés dans le flou

Plus forte baisse du SRD, le titre Infogrames dégringolait de plus 31,96% à 1,98 euro juste avant la fermeture des marchés alors qu'il est encore réservé à la baisse. Il porte ainsi son repli à plus de 80% depuis le début de l'année. L'éditeur, qui fait à ses heures l'objet de rumeurs de rachat par Sega ou d'autres acteurs du secteur, vaut actuellement moins de 250 millions d'euros, soit un tiers de son chiffre d'affaires. A l'origine de ce nouveau camouflet boursier : le manque de précisions sur ses perspectives et sur sa situation financière, alors que l'éditeur de jeux publie ses résultats annuels. Pour l'exercice entamé le 1er juillet, Infogrames table sur une hausse globale de 14% de son activité, soit un chiffre d'affaires annuel de 880 millions d'euros (+20% à taux de change constant). Il maintient donc sa prévision déjà annoncée en juillet dernier. Toutefois, le groupe ne fait pas de pronostic quant à ses marges, alors qu'il était très attendu sur ce point. Or, même si le marché européen du jeu vidéo devrait connaître un rebond grâce à l'arrivée récente des deux nouvelles consoles, la GameCube et la Xbox, Infogrames ne dit toujours pas s'il sera en mesure de dégager un bénéfice d'exploitation.Lors de la réunion de présentation des résultats, Bruno Bonnell, sans donner plus de précisions chiffrées, a précisé que le groupe économiserait 25 millions d'euros par an en Europe, grâce à des fermetures de sites notamment en France.Autre sujet de préoccupation des analystes: la situation financière d'Infogrames. L'éditeur n'a pas donné de précision quant au montant précis de la dette. Il s'est contenté d'indiquer qu'elle avait reculé d'à peine 7,8 millions d'euros en un an. Selon Aurel Leven, l'endettement actuel s'élève à 536,7 millions d'euros, soit un "gearing" (ratio dette sur fonds propres) de 246%. La dette du groupe est composée à 80% d'Océane, avec deux échéances : l'une en 2004 de 125 millions d'euros et l'autre l'année suivante de 309,1 millions d'euros.A cette question, les déclarations de Bruno Bonnell ne sont pas pour rassurer. S'il a admis que l'endettement était un problème pour le groupe, il a en revanche déclaré qu'aucune mesure ne serait prise pour l'instant, la priorité étant donnée à l'accès à la rentabilité.Or, aujourd'hui, le marché se demande si le groupe sera en mesure de faire face à ses remboursements, en dépit des assurances données par Bruno Bonnell en août dernier (lire ci-contre). Si les plus optimistes pensent que l'éditeur est capable de dégager des cash-flows positifs dès cette année, d'autres craignent qu'Infogrames soit obligé de recourir à des opérations financières. Pour Salomon Smith Barney, Infogrames n'a pas le choix: "l'unique solution est d'afficher une solide performance opérationnelle dans l'année qui vient afin d'obtenir une restructuration de sa dette auprès des banques".Les résultats de l'exercice écoulé restent contrastés. Au global, Infogrames a vu son activité croître de 14% à 770,1 millions d'euros. Aux Etats-Unis, le chiffre d'affaires, qui pèse 60% dans l'activité totale du groupe, a augmenté de 40%. En revanche, les revenus européens ont reculé de 10%. Le résultat d'exploitation, attendu en perte de 7,5 millions d'euros, ressort à -33,4 millions d'euros, contre -64,2 millions d'euros sur l'exercice précédent. Toutefois, cette perte inclut une dépréciation des avances sur la recherche et développement. Dans une note, Aurel Leven précise que sans cette charge et avec l'amélioration des coûts de structure, le résultat d'exploitation serait presque à l'équilibre. La perte nette, qui s'élève à 79,4 millions d'euros, contre 121,3 millions l'an dernier, reste également supérieure au consensus des analystes (26,6 millions d'euros).
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