Quand informatique et télécoms convergent

On voulait presque l'oublier, après l'avoir vu comme un mirage, mais le téléphone mobile multimédia paraît désormais sur de bons rails en Europe. Depuis cet été, les grands du mobile, opérateurs et équipementiers, présentent en rafale leurs offres multimédias, donnant l'image d'un bouillonnement désordonné qui ne rassure pas complètement sur leur capacité à s'inscrire dans une démarche standardisée. Le terminal à écran couleur, qui permet de recevoir ou émettre des appels, de consulter et envoyer ses e-mails, de surfer sur Internet, de télécharger ou de lire des fichiers audio et vidéo, est pourtant une réalité en Europe. Certes, pas encore pour le marché de masse, et pas partout. Mais en tout cas suffisamment pour que les opérateurs veuillent séduire plusieurs milliers de clients à l'occasion des fêtes de fin d'année. Dans cet avènement récent, il faut cependant reconnaître que rien ne s'est passé comme prévu. La troisième génération UMTS devait être au rendez-vous: elle n'y sera pas avant une bonne année. Les grands du GSM occidental (Nokia, Ericsson, Motorola) devaient poursuivre sur leur lancée: il n'en est finalement rien parce que l'événement vient aujourd'hui soit des fabricants asiatiques proches de l'électronique grand public, soit de l'intrusion dans les télécoms d'acteurs de l'informatique. Première d'une série de coopérations qui pourrait bien être longue, le lancement cette semaine par Orange et Microsoft du téléphone multimédia SPV - pour Son, Photo et Vidéo -, fabriqué par un sous-traitant taiwanais, le démontre : pour l'heure, quand Internet, les télécoms et l'informatique se rencontrent, c'est ce dernier monde qui paraît en mesure de rafler la mise. Les acteurs purement "télécoms", à force d'avoir joué chacun dans son coin en défendant son pré-carré, se retrouvent avec un vrai risque d'affaiblissement. Il n'était pourtant finalement pas difficile de prévoir que les équipementiers télécoms souffriraient de cette évolution technologique. En mettant Internet sur les téléphones mobiles, le monde un peu fermé des télécoms ne pouvait que trembler sur ses bases. Un téléphone mobile, c'était jusqu'ici une sorte de "jardin fermé", peu évolutif, aux fonctionnalités forcément limitées aux capacités - faibles - des réseaux GSM et des composants électroniques. Soit tout le contraire de ce que réclame le monde de l'Internet. Un Microsoft avait donc tout intérêt à élargir son territoire à la téléphonie mobile. Archi-dominant dans les systèmes d'exploitation pour les PC grand public, la firme de Bill Gates joue sur le fait que des millions de personnes savent déjà se servir de Windows et ses programmes pour accéder à Internet et à des contenus multimédias. Le téléphone du futur proche est un petit ordinateur qui doit offrir une foule de fonctionnalités sur un réseau ouvert. Face au géant des logiciels, la riposte des équipementiers s'est certes déjà organisée. Les Nokia, Ericsson, Motorola, Siemens travaillent sur Symbian, leur propre système d'exploitation, concurrent du Windows des portables. Mais cette riposte est plus lente à aboutir car il s'agit bien pour eux d'une révolution. En attendant de pouvoir rivaliser sur le même type de produit, ils se contentent, perfides, de souligner qu'en venant dans les télécoms, Microsoft y apporte aussi ses défauts : une légendaire tendance à "buguer", rare sur les téléphones existants, et une perméabilité inquiétante face aux virus. A eux de faire mieux.
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