L'avenir de Qwest suspendu à ses pages jaunes

Déjà sur le fil du rasoir, l'opérateur de télécommunications Qwest pourrait bien mettre la clef sous la porte. C'est ce qu'il a assuré si on lui interdisait de vendre ses pages jaunes comme il l'avait annoncé en août dernier. Mardi, en effet, les avocats représentant un groupe d'actionnaires de l'opérateur dans le cadre d'une plainte en nom collectif ont demandé à la Cour du Colorado de bloquer la cession de QwestDex pour 7 milliards de dollars. Motif: les actionnaires estiment que le produit de la cession devrait leur revenir au lieu d'être consacré au remboursement des 26,5 milliards de dollars de dette. L'avocat William Lerach a demandé à ce que l'opérateur ne puisse utiliser cette entrée de cash dans la mesure où Qwest était engagé "dans une vaste mouvement de falsification financier et comptable".Dans un document remis au tribunal, l'opérateur basé à Denver a alors fait savoir que, dans cette hypothèse, les plaignants "devaient savoir que l'inéluctable conclusion de cette requête serait de précipiter Qwest vers la banqueroute". L'opérateur a d'ailleurs pressé la Cour de justice de rendre sa décision, la vente devant être bouclée le 8 novembre prochain, c'est-à-dire cette semaine. En août dernier, Qwest avait annoncé la cession de QwestDex au consortium LBO Group, regroupant Carlyle Group et Welsh Carson Anderson & Stowe.La somme doit être versée en deux étapes. Qwest doit recevoir 2,75 milliards de dollars avant la fin de l'année, le solde de 4,3 milliards étant payé avant la fin de l'an prochain. La vente des annuaires est censée permettre à l'opérateur local de tenir jusqu'à 2005. Nouveau WorldCom pour les plus pessimistes, Qwest accumule déboires financiers et judiciaires. Fin septembre, il a avoué de nouvelles irrégularités comptables pour 1,48 milliard de dollars, contre 1,16 milliard annoncé cet été. Le chiffre d'affaires a donc été gonflé de 5,2% en 2000 et de 2,8% en 2001. Dans son communiqué, le groupe avait averti ses investisseurs que "ses communiqués financiers pour 2000, 2001 et les trois premiers mois de 2002 ne sont pas fiables".Les scandales financiers accumulés par la firme ne cessent de soulever les foudres de ses actionnaires. Hier, leur représentant, William Larch, qui a auparavant défendu un groupe d'actionnaires d'Enron, a également requis de la Cour qu'elle gèle les recettes issues de la vente des titres réalisée par l'ex-PDG Joseph Nacchio et le fondateur Philip Anschutz. La demande couvre la période de mars 1999 à février 2002, au cours de laquelle Joseph Nacchio a vendu pour 213,4 millions de dollars d'actions et Philip Anschutz plus de 1,7 milliard.Le titre Qwest a perdu plus de 90% de sa valeur depuis son plus haut en juillet 2000 (57,88 dollars). Il cotait mardi soir en clôture 3,84 dollars.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.