L'Europe ébauche une politique de lutte contre l'immigration clandestine

Echaudés par la montée des populismes et autres nationalismes aux relents xénophobes, les Européens paraissent enfin décidés à donner une impulsion à une politique commune de l'immigration. Tout le monde y aspire, mais les Etats membres, soucieux de leurs prérogatives en la matière, ont montré jusque-là peu d'empressement à s'accorder sur les diverses propositions mises sur la table par la Commission de Bruxelles.Hier à Rome, les 15 ministres de l'Intérieur de l'UE ainsi que les représentants des 13 pays candidats à l'adhésion dans le processus d'élargissement ont ainsi discuté, de manière informelle, de ce qui pouvait être fait en matière de lutte contre l'immigration clandestine. La synthèse de leurs réflexions sera présentée lors de la prochaine réunion des ministres de la Justice et de l'Intérieur des Quinze les 13 et 14 juin à Luxembourg.Endiguer l'afflux. Les pistes sont claires : une police commune des frontières, des échanges d'informations, une mise en contact des différents ports et aéroports de l'Union permettant d'endiguer l'afflux de clandestins et de démanteler les filières de passeurs. Hier matin, les ministres ont surtout étudié le projet de faisabilité préparé par l'Italie. Le ministre Claudio Scajola, responsable du dossier, a souligné l'importance de " se doter d'instruments, de méthodes et de moyens de financement communs ". L'idée des Italiens est de mettre en place un conseil des représentants, véritable cerveau des opérations anti-immigration, dont le siège serait évidemment à Rome. Une présentation accueillie poliment par les autres ministres de l'Intérieur, et notamment par Nicolas Sarkozy, selon qui " beaucoup de travail reste à faire ". Même prudence du côté de la Commission de Bruxelles, le commissaire en charge du dossier, le Portugais Antonio Vittorino, estimant que " la création d'un corps de garde-frontières européens pourrait être le résultat final de cette politique commune de contrôle, mais pas son point de départ ". Bref, il ne faut pas espérer une " europolice " avant 2004 ou 2005.En attendant, les ministres ont pu tirer les enseignements d'une opération pilote menée entre le 24 avril et le 21 mai dans les aéroports internationaux de 25 pays européens. Résultats : 4.500 clandestins de plus de 140 nationalités ont été appréhendés. Une opération expérimentale couronnée de succès donc, que les Français proposent à présent d'étendre aux principaux ports de l'Union européenne.Plusieurs étapes. Reprenant la formule lancée récemment par Jacques Chirac, le ministre de l'Intérieur italien a précisé que la mise en place d'un système de contrôle harmonisé au niveau européen " ne touche aucunement le caractère souverain des législations nationales ". Pour cette raison, la marche vers cette politique commune d'immigration devra passer, selon les observateurs, par des coopérations entre petits groupes de pays. " Je souhaite des étapes concrètes ", indiquait hier Nicolas Sarkozy en marquant son intérêt pour les contacts bilatéraux, sur des sujets précis ou conflictuels.D'ores et déjà, certains pays durcissent leur politique. Le Royaume-Uni à l'égard des demandeurs d'asile (voir encadré), l'Italie en matière de renforcement des contrôles. Mercredi soir, le Parlement italien a ainsi adopté par 236 voix contre 168 un article du projet de loi présenté par le tandem Gianfranco Fini (Alliance nationale) et Umberto Bossi (Ligue du Nord) sur le recueil des empreintes digitales de tous les ressortissants non membres de l'Union européenne qui veulent s'installer dans la péninsule.
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