Alors que sa part de marché continue de se dégrader, le constructeur informatique américain Gateway a nommé lundi un nouveau directeur financier. Roderick Sherwood, un ancien du concepteur de logiciels Loudcloud (depuis renommé Opsware), va remplacer Joe Burke, désormais nommé vice-président, un poste éloigné des fonctions opérationnelles. Ce changement au sein des dirigeants jette un nouveau froid sur les perspectives du groupe, loin d'être sorti de l'ornière. "Ce que va faire le groupe pour survivre n'apparaît pas très clairement", a affirmé un analyste à Reuters. Parallèlement, les rumeurs de rapprochement se multiplient autour de Gateway, qui ne parvient pas à se redresser. Si pour l'instant aucun nom de repreneur n'a été cité, Ted Waitt, le PDG fondateur qui possède 32% des parts, ne nie pas discuter "de temps à autre avec toutes sortes de gens", a-t-il précisé. Il faut dire que l'entreprise a perdu plus de 60% de sa valeur sur les marchés financiers depuis le début de l'année, et vaut actuellement moins de 1 milliard de dollars.De fait, l'éviction de Joe Burke, intervient à peine un an et demi après sa nomination en janvier 2001. A cette époque, la direction de l'entreprise connaissait déjà un large remaniement. Son fondateur Ted Waitt revenait aux commandes de la société créée en 1985 en plein boom informatique. Avec une ambition: redresser une entreprise au bord du marasme. Mais depuis, Gateway n'a cessé de perdre des parts de marché au profit des autres constructeurs et notamment de Dell, qui livre une guerre des prix impitoyable à ses concurrents, les poussant à rogner sur leur marge pour se maintenir dans la course. De fait, sur les 6 derniers trimestres, Gateway, numéro 4 du marché avant la fusion HP/Compaq, a subi 5 trimestres de pertes d'exploitation. Sur l'ensemble de l'exercice 2002, il attend d'ailleurs un déficit comprise entre 200 et 250 millions de dollars pour un chiffre d'affaires compris entre 4,5 et 5 milliards de dollars. Il faut dire que les choix stratégiques de Gateway n'ont cessé de faire douter - à raison - les analystes. Contrairement à ses concurrents, le fabricant a d'abord sciemment raté le virage des services et des logiciels, pour se concentrer sur les machines. Résultat: ses marges se sont vite érodées, beaucoup plus que celles de ses concurrents. En outre, Gateway a opté pour un modèle de distribution particulièrement coûteux, quand Dell choisissait un mode de vente direct sur le Web. Gateway s'est en effet doté de sa propre chaîne de magasins, proposant services, produits électroniques et abonnements à Internet. Depuis, Gateway a dû procéder à une large restructuration avec notamment l'arrêt de toutes ses activités à l'étranger et la suppression de 25% de ses effectifs (6.400 personnes).Lundi, dans l'attente d'un communiqué, le titre perdait 11% à Wall Street. Il valait en clôture 2,85 dollars (-10,66%). Mardi, l'action se reprend de 5,61% en milieu de journée à 3,01 dollars.

latribune.fr

20 Oct 2008, 3:21

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