Renault et PSA attendus au tournant du marché

Un lion en pleine forme, un losange assombri : les résultats annuels que présenteront, à quelques heures d'intervalle, Renault puis PSA Peugeot Citröen, devraient refléter les particularités des deux groupes automobiles français. Le premier, Renault, souffre dans ses finances du retard pris par le rajeunissement de sa gamme mais profite du redressement plus rapide qu'anticipé de son allié japonais Nissan. Le second, PSA, fort de plusieurs succès commerciaux récents et de la vogue incontestée des moteurs diesel, fait désormais figure de numéro un tricolore. Mais tous deux devront répondre aux interrogations des investisseurs sur leur capacité à s'adapter au ralentissement attendu du marché automobile européen.Pour Renault, qui publiera ses comptes 2001 ce soir après la clôture de la Bourse, les interrogations du marché concernent essentiellement la capacité du groupe à préserver sa marge opérationnelle. Celle-ci pourrait, selon certains analystes, sombrer dans le rouge pour la division automobile au second semestre 2001, voire même encore en 2002, après être tombée à 1,6% sur les six premiers mois de 2001. Début janvier, le directeur général adjoint Pierre-Alain de Smedt, a promis aux analystes de "leur prouver le contraire".Car Renault, dont les ventes (2,4 millions de véhicules en 2001, +2,4%) ont subi les retards de commercialisation de la nouvelle Laguna et du modèle haut de gamme Vel Satis, peine à maintenir sa rentabilité. Certes, le bénéfice net devrait se situer pratiquement au même niveau qu'en 2000, soit 1,08 milliard d'euros. Mais à la différence de l'exercice précédent, il intégrera 497 millions d'euros de contribution de Nissan, dont le redressement a été spectaculaire sous la houlette du "cost killer" Carlos Ghosn. En 2000, le Japonais n'avait contribué qu'à hauteur de 56 millions d'euros au résultat net du groupe. Au chapitre des profits exceptionnels figurent en outre quelque 300 millions tirés de la vente de la filiale logistique CAT et 335 millions engrangés lors de la cession de Renault VI à Volvo. Ralentissement du marché, tensions salariales, libéralisation de la distributionA la différence de son éternel concurrent, PSA Peugeot Citroën est parvenu à profiter à plein de la croissance du marché en 2001. Les objectifs de ventes mondiales ont été battus, avec un bond de 11,3%, à 3,13 millions de véhicules, grâce notamment aux succès de la 307 de Peugeot et de la Picasso de Citroën, et plus gobalement à l'engouement confirmé des acheteurs français pour les motorisations diesel. De quoi crédibiliser les objectifs que s'était fixés le groupe il y a un an, à savoir un résultat opérationnel de 2,6 milliards d'euros et une marge de 4,8% pour la division automobile. Quant au résultat net, il devrait progresser de 30% environ, pour dépasser 1,7 milliard d'euros.Au-delà des performances ou des contre-performances de 2001, Renault et PSA Peugeot Citroën devront préciser leurs objectifs de croissance et de rentabilité pour 2002. PSA peut viser pour cette année le maintien de marge dans l'automobile au niveau de 2001 et entend poursuivre son ambitieux programme de lancements de modèles (sont attendus les versions break de la 206 et de la 307 de Peugeot, la C3 de Citroën et deux monospaces) pour augmenter ses ventes de 4%. Renault suscite plus d'inquiétudes, d'autant que la conjoncture est nettement moins favorable que l'an dernier : en Europe, après la légère hausse de 2001 (+0,6%), les immatriculations pourraient baisser de 4 à 5% cette année. Il y a quelques jours, Louis Schweitzer a néanmoins réitéré son objectif d'une marge opérationnelle de 4% "en moyenne de cycle". Mais il est peu probable que cet objectif soit d'actualité dans le contexte actuel. Plusieurs acteurs du secteur ont déjà tiré les premières leçons du ralentissement des ventes : DaimlerChrysler a repoussé d'un an la réalisation de ses objectifs financiers, tandis que les équipementiers - notamment Valeo ou Johnson Controls - commencent à fermer des usines et à supprimer des emplois, pour tenter de répondre à l'accroissement des pressions sur les marges. Dans ce contexte, les deux groupes veillent à contenir la progression de la masse salariale : PSA a conclu fin janvier un accord avec les syndicats qui prévoit une hausse de 1,5% au 1er février et 0,5% au 1er octobre. Chez Renault, les discussions sont plus tendues : les organisations syndicales réclament une augmentation générale supérieure à celle de l'an dernier (2,5%) et ont choisi la journée d'aujourd'hui pour appeler à des débrayages. Dernière préoccupation en date : la volonté de Bruxelles de libéraliser la distribution automobile en Europe. Même si la réforme n'est pas pour demain, elle ne fera rien pour redresser les marges. En Bourse, la divergence entre les deux constructeurs français a nettement influencé l'évolution de leurs cours : l'an dernier, l'action Peugeot a gagné 18%, affichant la plus forte hausse du CAC 40, tandis que Renault chutait de 29%. Depuis le début de l'année, PSA a baissé de 5% pour clôturer lundi soir à 45,36 euros, tandis que Renault a regagné 2,5%, terminant la séance à 40,60 euros.Marc Angrand
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