Reuters dans la tourmente

Le premier fournisseur d'informations financières, Reuters, continue de s'enfoncer. Marché baissier, coupes franches dans les effectifs de ses principaux clients et renforcement de la concurrence ne l'aident pas à redresser la barre, bien au contraire. La fin de l'année s'annonce encore plus difficile que prévu. "En regardant l'avenir, nous voyons que les conditions de marché empirent dans la mesure où les établissements financiers continuent de faire des économies", admet son PDG, Tom Glocer. En conséquence, le chiffre d'affaires sur l'ensemble du second semestre devrait chuter de 6 à 7%, au lieu des 5 à 6% prévus jusqu'à présent. Depuis le début 2001, les banques d'investissements et les maisons de courtage, deux marchés clefs pour Reuters, ont supprimé 60.000 emplois. Et les mesures de restructuration dans ces établissements ne devraient pas s'arrêter là. JP Morgan, qui a publié ses résultats trimestriels en début d'après-midi (heure de Paris), va supprimer 3.000 emplois supplémentaires, confirmant ainsi les sources auparavant citées par... Reuters, tandis que Merrill Lynch s'apprêterait à couper dans ses effectifs à hauteur de 20%, selon le New York Post.Au delà de la conjoncture, le modèle économique de Reuters est également mis en doute. Selon UBS Warburg, l'agence est "embourbée dans sa position de monopole sur le marché des changes", qui représente 30% de ses ventes (lire ci-contre), un segment qui a baissé depuis l'introduction de l'euro, et qui devrait encore se contracter si le Royaume Uni rejoint la monnaie unique. A contrario, le marché obligataire, qui résiste bien à la déroute des marchés, est dominé par son concurrent Bloomberg. La société qui appartient au maire de New York aurait d'ailleurs mutiplié par trois sa part de marché en 5 ans, faisant toujours un peu plus d'ombre à Reuters.Au troisième trimestre, le chiffre d'affaires pro forma de Reuters a baissé de 11% à 855 millions de livres. Un chiffre qui se situe en dessous des 880 millions attendus par les analystes. Les ventes récurrentes de Reuters, issues des abonnements et qui représentent l'essentiel de ses revenus, ont baissé de 5,6% à 654 millions de livres. Le chiffre d'affaires issus de la vente de solutions et du conseil a chuté de 38% à 38 millions de livres en raison des reports ou des annulations pures et simples de projets par des clients du groupe.La plate-forme d'échanges électroniques Instinet souffre pour sa part de la chute des marchés boursiers. Son chiffre d'affaires a baissé de 25% à 141 millions de livres sur la période juillet-septembre. La hausse des volumes au cours du trimestre a été compensée par une baisse du prix moyen des transactions, explique le groupe dans un communiqué. A Londres, les perspectives de Reuters inquiètent les investisseurs. Le titre perd 22,7% en fin de journée à 160,75 pence. Un nouveau plus bas historique.
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