Andersen envisagerait de se vendre à Deloitte

L'information aurait pu paraître incroyable il y a encore quelques mois: selon l'édition électronique du Wall Street Journal, la cinquième firme mondiale d'audit Andersen, de plus en plus pressée par la justice américaine, serait en pourparlers avec son grand rival, Deloitte Touche Tohmatsu. A en croire le journal, les négociations entre les deux sociétés porteraient sur la reprise d'une partie ou de toute l'activité audit d'Andersen par Deloitte. Le New York Times va, pour sa part, encore plus loin, affirmant que c'est la totalité du cabinet Andersen qui pourrait être reprise.Pour Deloitte, l'acquisition des opérations d'audit d'Andersen serait d'un intérêt certain. Les activités des deux firmes sont parfaitement complémentaires et Deloitte se rapprocherait ainsi du leader actuel du marché, PricewaterhouseCoopers.Le Wall Street Journal affirme que des pourparlers ont eu lieu durant tout le week-end. Pourtant, du côté de Deloitte, on a formellement démenti tout intérêt pour une telle opération. Il faut dire que la cession des activités audit d'Andersen nécessiterait, selon les avocats de ce dernier, l'ouverture d'une procédure de faillite. Une éventualité qui n'est pas faite pour attirer un futur repreneur. De plus, Deloitte voudrait éviter qu'un rachat de certaines activités d'Andersen ne l'oblige à assumer les conséquences de l'affaire Enron. Le New York Times n'en croit pas moins qu'un accord pourrait être annoncé dès cette semaine. Lundi en milieu de journée, une source proche des négociations a d'ailleurs confirmé à l'AFP l'existence de discussions sur "une fusion ou la vente de l'ensemble ou d'une partie des activités d'Andersen à Deloitte".Comment en est-on arrivé à envisager une telle extrémité, du côté d'Andersen ? Tout s'est en fait accéléré la semaine dernière. Le mois dernier, Andersen pouvait espérer de nouveau inspirer confiance en engageant pour se restructurer l'ancien président de la Fed, Paul Volcker. Parallèlement, Andersen menait des négociations avec le département de la Justice américain et la SEC (la COB américaine) afin de parvenir à un règlement "à l'amiable" des charges pesant sur lui dans l'affaire Enron.Mais, apparemment, plus personne ne veut se mouiller en aidant Andersen, malgré les conséquences importantes qu'aurait une faillite du cabinet d'audit. La SEC n'a ainsi pas voulu mettre en jeu sa crédibilité en aidant ouvertement un règlement amiable entre Andersen et les victimes de l'affaire Enron. Et, déjà, annonce le Wall Street Journal, elle examinerait les mesures à prendre en cas de faillite d'Andersen.Le coup fatal est arrivé le 3 mars dernier lorsque le chef de la division criminelle du département fédéral de la Justice, Michael Chertoff, a confirmé aux avocats d'Andersen qu'il préparait la mise en accusation de leur client dans l'affaire Enron. Andersen est accusé d'obstruction à la justice, des documents relatifs à l'audit d'Enron ayant été détruits par des collaborateurs d'Andersen alors que les soupçons sur la compagnie texane avaient déjà commencé à émerger.Andersen risque une amende de 500.000 dollars, mais les conséquences d'une mise en examen de la compagnie seraient plus graves. Déjà, trois de ses plus importants clients, Delta Airlines, la firme pharmaceutique Merck et le groupe de crédit Freddie Mac ont délaissé Andersen. Selon le Wall Street Journal, Andersen pourrait perdre bon nombre d'autres clients importants si la mise en accusation était confirmée. Même les entreprises satisfaites des audits d'Andersen ne pourraient assumer d'être clientes d'un groupe soupçonné de malversations. La survie d'Andersen est donc bien menacée. Ce qui explique le rapprochement envisagé avec Deloitte.latribune.f
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