Vivendi attaqué de toutes parts

La confirmation du départ de J2M, ce matin dans une interview au Figaro, aurait dû mettre fin à la défiance chronique des marchés pour le titre, libéré de sa "décote Messier", et entraîner une hausse de l'action. Mais tôt dans la matinée, l'agence de notation Moody's a abaissé la note de la dette à long terme du groupe français de Baa3 à Ba1, avec perspective négative. L'agence a évoqué la possibilité de nouvelle dégradation à venir, ce qui ramène la dette au rang de "junk bond" ou "obligation pourrie". Elle a été imitée en début d'après-midi par Standard & Poor's qui a abaissé sa note de dette long terme à "BBB-", contre "BBB" auparavant, et a placé les notes à court et long terme sous surveillance négative. L'action s'est affichée en forte baisse toute la matinée. Et elle s'effondre de plus de 25% à 17,8 euros à la clôture de Paris, après avoir été plusieurs fois réservée à la baisse et avoir perdu jusqu'à 40%. Suspendue de cotation à l'ouverture de Wall Street, l'action perd 22% sur le NYSELe journal Le Monde de cet après-midi affirme que le groupe a tenté d'enjoliver ses résultats, il y a quelques mois, avec l'assentiment de cabinets d'audit. Selon le quotidien, alors que "les règles comptables obligeaient absolument à consolider" dans les comptes 2001 la cession à l'automne de 400 millions d'actions BSkyB, VU a tenté de sortir de ses comptes cette opération afin que le groupe puisse rester bénéficiaire sur l'année (lire ci-contre). Des informations démenties par Vivendi.Ces affirmations pèsent sur le marché. "Il y a des craintes sur la gestion de Messier. On a peur que Vivendi soit le nouvel Enron", explique un trader interrogé par Reuters. Un autre intervenant précise que des rumeurs, qui circulaient déjà sur le marché lundi, évoquaient également la possibilité d'une opération vérité sur les comptes après le départ de Jean-Marie Messier. Selon certains articles de presse, le PDG sur le départ aurait négocié de dégager sa responsabilité en cas de poursuites judiciaires, une menace que brandissent certains actionnaires américains.Rien de tout cela ne transparaît pourtant dans l'interview accordée au Figaro de ce mardi. "J'ai décidé de remettre mon mandat à la disposition du conseil d'administration cette semaine malgré le soutien que m'a apporté ce conseil il y a huit jours", a ainsi déclaré J2M. Le PDG remettra sa lettre au conseil d'administration qui doit avoir lieu mercredi à 15h00.Et le patron de s'expliquer sur les raisons de son départ: "La raison est simple. J'ai façonné ce groupe avec mon équipe. Je l'aime passionnément. Mais il y a une vérité incontournable. On ne dirige pas une entreprise avec un conseil divisé", a-t-il poursuivi.Cependant les raisons d'un désaveu de Jean-Marie Messier sont multiples et complexes, elles sont autant stratégiques que financières, voire même personnelles (lire ci-contre). Jean-Marie Messier ne l'ignore pas, lui qui expliquait, dans son livre J6M.com, paru en septembre 2000: "Quand on est nommé à la tête d'une entreprise, petite ou grande, on sait que l'on est révocable ad nutum, c'est-à-dire à tout moment sur simple révocation du conseil d'administration. On est payé pour ça. Et bien payé."J2M a également justifié le choix de la date de départ en affirmant que "la vie d'une entreprise est une question de stratégie et non pas d'hommes". C'est pourquoi, dit-il, il a tenu à mener à bien la cession de Vivendi Environnement, de la participation dans Vinci et des activités B2B, qui ont "ramené 2,6 milliards dans les caisses".Sur l'avenir du groupe qu'il dirige depuis six ans, Jean-Marie Messier a tenu à rassurer. "Je pars pour que Vivendi Universal reste", a-t-il déclaré. Il part en étant sûr que son remplaçant sera un Français, pour couper court aux rumeurs selon lesquelles le groupe tomberait aux mains des Américains avec à leur tête Edgar Jr Bronfman. "Mes successeurs ne peuvent être que français. J'ai acquis la conviction qu'ils le seront parce c'est aussi la volonté du conseil d'administration". Dans une note interne à ses salariés, J2M a ajouté que "des erreurs ont été commises, elles peuvent toutes être corrigées, et j'avais commencé à le faire. Mais à mes yeux, la seule erreur qui ne serait pas rattrapable, celle qui serait sans retour en arrière possible, serait de casser ce groupe dans ses métiers centraux".Parmi les successeurs potentiels, circule en particulier le nom de Jean-René Fourtou, ancien patron d'Aventis. Selon le journal Le Monde, son nom aurait été soufflé par son ami " de trente ans", Claude Bébéar, président du conseil de surveillance d'Axa. Les réactions ne se sont pas faites attendre. Sur Europe 1 ce matin, Nicole Fontaine, la ministre déléguée à l'Industrie juge ce choix "excellent", tout en précisant qu'un démantèlement du groupe n'était pas inéluctable et que les choses pouvaient rester en l'état.
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