L'action Alcatel se reprend

L'équipementier Alcatel a annoncé vendredi matin avoir placé 630 millions d'euros d'obligations remboursables en actions (ORA) Alcatel A, nouvelles ou existantes, auprès d'investisseurs institutionnels. Une offre publique réservée aux particuliers en France sera ouverte aux mêmes conditions entre le 16 et le 18 décembre 2002. Après le pré-paiement de la totalité des intérêts, le produit de l'émission sera d'environ 500 millions d'euros. C'est jeudi soir qu'Alcatel a dévoilé cette émission surprise d'un montant de 630 à 819 millions d'euros, suscitant une tornade qui a emporté l'action en fin de séance. Alors que le titre s'était bien tenu durant la majeure partie de la journée, il s'est littéralement effondré au cours de la dernière demi-heure de cotation, pour terminer à 4,50 euros, sur un recul de 15,57%. L'explication de ce phénomène est simple. D'une part, la correction a été technique. Car avec cette opération la dilution sera lourde: le nombre d'actions étant appelé à augmenter d'environ 15%.D'autre part, le calendrier a pu étonner. "Alcatel ayant indiqué à plusieurs reprises ne pas avoir l'intention de faire une telle opération, son annonce crée un certain doute", note Aurel-Leven. Selon divers opérateurs, l'équipementier a certainement voulu, comme France Télécom un peu plus tôt, profiter d'une fenêtre de tir favorable.Enfin, autre explication possible à la chute: le groupe a par la même occasion fait état de ses perspectives pour les mois à venir. Or, le principal équipementier de télécoms français juge probable "une poursuite de la détérioration" du marché en 2003 et prévoit, "comme annoncé", des provisions supplémentaires au quatrième trimestre 2002 pour s'y "préparer de manière prudente". Bref, "la visibilité sur le marché des équipements télécoms reste toujours aussi mauvaise et 2003 sera à nouveau une année de baisse du marché", déplore Fideuram-Wargny. Néanmoins, passée la surprise et la sévère correction de jeudi, les investisseurs reviennent quelque peu sur l'action, qui est la seule valeur du CAC à terminer dans le vert. Elle gagne 2,44%, à 4,61 euros.On peut bien évidemment y voir un rebond technique. Mais on peut aussi remarquer que, même si l'émission d'ORA était inattendue, elle n'en reste pas moins pour divers opérateurs le meilleur outil dont disposait Alcatel. Ainsi, pendant que certains notent qu'elle évite une sortie de cash et qu'elle est plus intelligente qu'une augmentation de capital car elle n'est pas immédiatement dilutive, d'autres remarquent qu'Alcatel se finance à meilleur prix que sur le marché obligataire. Ses ORA d'une maturité de trois ans porteront un taux d'intérêt annuel de 7,917%, tandis que ses obligations de maturité 2006 ont un taux actuariel de 15,5 % actuellement.Enfin, en ce qui concerne les prévisions, tout n'est pas noir. D'abord, le pessimisme affiché pour 2003 "ne constitue pas une surprise et ne devrait pas entraîner de révisions à la baisse des perspectives", estime Aurel-Leven. Par ailleurs, la fin de l'année en cours devrait être meilleure qu'attendu. Alcatel prévoit une hausse de 20% du chiffre d'affaires au quatrième trimestre 2002. "Ce qui est supérieur à notre attente et au consensus", souligne Fideuram-Wargny. Quant au résultat opérationnel avant provisions sur stocks, il devrait être "proche de l'équilibre" au quatrième trimestre 2002, "grâce à la poursuite de la réduction des frais fixes". Et cette baisse des frais devrait se poursuivre. Selon le groupe, le plan de restructuration, qui prévoit de ramener les effectifs du groupe à 60.000 personnes à la fin 2003 contre 83.000 à la fin juin 2002, "s'avère bien adapté pour atteindre l'objectif d'équilibre du résultat opérationnel en 2003". Bref, ce discours n'a pas manqué de provoquer quelques ajustements à la hausse dans les bureaux d'analystes. En particulier chez Goldman Sachs, qui a relevé de 3,95 à 4,25 milliards d'euros son pronostic de chiffre d'affaires et qui a ramené à l'équilibre sa prévision de résultat d'exploitation contre une perte de 135 millions attendue auparavant.Quant à Aurel-Leven, le bureau parisien estime que "l'annonce d'un résultat opérationnel (hors provisions) proche de l'équilibre au quatrième trimestre et la confirmation d'un Ebit positif en 2003 l'emportent sur le doute crée par l'émission d'ORA". Des commentaires positifs qui peuvent largement expliquer la reprise du titre aujourd'hui. D'autant que, parallèlement, le groupe de Serge Tchuruk affirme qu'il devrait remplir "toutes ses obligations financières".
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