Boeing prend acte du ralentissement du marché civil

Ralentissement économique, regain de psychose terroriste, bruits de botte dans le Golfe persique : rien d'étonnant à voir Boeing ajuster aujourd'hui son plan de vol pour les quinze prochains mois. Le premier avionneur mondial, malgré le soutien bienvenu de ses activités de défense, subit le contre-coup des difficultés de très nombreuses compagnies aériennes. En deux jours, Delta et American Airlines ont ainsi annoncé le report de 63 livraisons d'appareils neufs commandés à Boeing. Sans parler de la concurrence accrue d'Airbus, y compris désormais sur sa "chasse gardée" traditionnelle des compagnies à bas prix (lire ci-contre).Le géant de Seattle s'est donc résolu à revoir à la baisse sa prévision de livraisons pour 2003 : il ne table plus désormais que sur la sortie de ses ateliers de 275 à 285 appareils, contre 275 à 300 jusqu'à présent. Si Airbus, la branche commerciale d'EADS, parvient à réaliser son objectif de 300 livraisons l'an prochain, il passera ainsi pour la première fois devant Boeing. Pour cette année, le calendrier de livraisons de l'Américain reste néanmoins inchangé, à 380 avions. Et Boeing espère encore stabiliser en 2004 son niveau d'activité sur celui de 2003. Il faudra attendre janvier pour disposer de prévisions plus précises. Cette révision ne surprend personne : le ralentissement du secteur est plus marqué aux Etats-Unis, où Boeing détient ses meilleures positions, qu'en Europe ou en Asie. "Les récentes annonces des compagnies aux Etats-Unis confirment que la reprise du trafic et et le retour à la rentabilité sur le marché intérieur ont ralenti", souligne le groupe.Cette situation se reflète naturellement déjà dans les résultats du troisième trimestre : le bénéfice net du groupe chute de 43% sur un an, à 372 millions de dollars, pour un chiffre d'affaires de 12,7 milliards, en recul de 7%. C'est la division Commercial Airplanes qui souffre le plus, avec une baisse de ses ventes de 24%, à 6,06 milliards de dollars. Le groupe n'a livré que 73 appareils sur la période juin-septembre, contre 120 durant le même trimestre l'an dernier et 112 au deuxième trimestre de cette année. Le résultat d'exploitation de la branche recule plus nettement encore (-30%), à 518 millions de dollars. Dans l'aviation civile, Boeing a ainsi perdu deux points de marge en un an. Les deux autres grandes branches d'activité (appareils militaires et missiles d'une part, spatial et communications d'autre part), en cours de fusion dans une seule division baptisée "Integrated Defense Systems", voient leur chiffre d'affaires global augmenter de 8,6%. Leur résultat d'exploitation, lui, chute de 32% en raison de la plongée dans le rouge des activités spatiales.A Wall Street, l'action Boeing cède 3,48% à la mi-séance mercredi, à 31,03 dollars. Honeywell dégraisse. Grand équipementier du secteur aéronautique, Honeywell tire lui aussi les conséquences de la crise du secteur. Fabricant de pièces détachées pour les constructeurs et les compagnies, le groupe a annoncé la suppression, d'ici la fin de l'année, de 3 à 5.000 emplois, soit 5% de ses effectifs. Les ventes de la division aéronautique d'Honeywell ont chuté de 7% au troisième trimestre et sa marge d'exploitation est passé de 16,6 à 15,3%.
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