Drôle de guerre

La banque d'affaires milanaise qui a façonné le capitalisme italien depuis la seconde guerre mondiale et en constitue le plus beau poste d'observation, fait pourtant l'objet d'une guerre de tranchées depuis 1999. Dirigée d'une main de fer pendant plus de quarante ans par son fondateur Enrico Cuccia, décédé en 2000, Mediobanca est le principal actionnaire de Generali avec 13,6% du capital, mais elle est aussi présente dans la plupart des grandes sociétés italiennes. Pour certains de ses actionnaires, l'enjeu est de maintenir Mediobanca sous influence et de la priver de toute velléité d'indépendance. Ses deux principaux actionnaires, Unicredito et Capitalia (ex Banca di Roma), manoeuvrent pour faire tomber son actuel président, Francesco Cingano, ce qui permettrait dans la foulée de se débarrasser de son administrateur délégué, Vincenzo Maranghi, et de les remplacer par des dirigeants plus dociles. Le conseil d'administration de cette semaine était considéré comme celui de tous les dangers, mais comme souvent en Italie, la mise à mort annoncée n'a pas eu lieu. Car la partie est difficile. Vincenzo Maranghi ne compte pas que des ennemis. Il est soutenu entre autres par un clan de Français, mené par Vincent Bolloré qui s'est invité au capital de Mediobanca, par le biais de Consortium qui contrôle près de 14% de la banque. Son compagnon de toujours, Antoine Bernheim, président de Generali et administrateur de la banque, soutient lui aussi Maranghi. Les deux hommes peuvent compter sur deux autres alliés, Groupama (5% des titres) et Dassault (1%). Sans oublier que dans le clan des actionnaires italiens, tous ne sont pas hostiles à l'administrateur délégué de Mediobanca. Aujourd'hui, partisans et opposants au coup d'Etat fourbissent leurs armes. La prochaine échéance est le conseil d'administration qui se tiendra avant l'assemblée générale des actionnaires le 28 octobre. Si la guerre éclate, les Français y prendront une part active. Une première en Europe où, dans la finance, le chacun chez soi est devenu la règle d'or.
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