Les créances douteuses plombent Deutsche Bank

Le système bancaire allemand vacille sous les coups de la dégradation de la conjoncture économique outre-Rhin. Traditionnellement très impliquées dans le financement des entreprises du pays, les banques font aujourd'hui les frais de la crise du modèle industriel allemand. L'exemple en est donné ce matin par Deutsche Bank, qui fait état d'un déficit inattendu au troisième trimestre. La première banque allemande a enregistré une perte avant impôts de 181 millions d'euros, contre un bénéfice de 363 millions un an plus tôt. Pour les marchés, la déception est grande puisqu'en moyenne, selon le consensus établi par Reuters, les investisseurs attendaient un bénéfice de 282 millions d'euros. A l'origine de cette situation, les provisions pour pertes sur créances se sont envolées à 753 millions d'euros (sans tenir compte du hors bilan), contre 135 millions au troisième trimestre 2001, soit un bond de 457%) Elles ont aussi augmenté de 28% d'un trimestre sur l'autre puisqu'elles étaient de 588 millions au deuxième trimestre. Dans un document de travail soumis aux analystes, la direction de la banque estime que ses provisions pour risques de crédit "devraient avoir atteint leur maximum". Deutsche Bank a par ailleurs indiqué que son portefeuille global de prêts a fondu de 35% en un an et demi, pour s'établir à 192 milliards d'euros au 30 septembre dernier. Cette hausse des provisions s'explique avant tout par "l'environnement défavorable dans le secteur des télécommunications ainsi que par certaines expositions de Deutsche Bank en Allemagne et aux Etats-Unis", selon la banque.       La semaine dernière, HypoVereinsbank (HVB), en présentant une perte trimestrielle avant impôts de 447 millions d'euros, avait également souligné son exposition aux créances douteuses. La deuxième banque allemande a notamment revu à la hausse son objectif de provisions, le portant à 3,3 milliards. Ce qui représentera une augmentation de 59% par rapport à 2001. Depuis plusieurs mois, les économistes pointent du doigt la fragilité du tissu économique allemand et anticipent pour l'an prochain 40.000 faillites d'entreprises outre-Rhin. Autre point noir pour l'activité de Deutsche Bank: l'effondrement du produit sur activités de courtage, qui a fondu de moitié au troisième trimestre, à 904 millions d'euros, contre 2 milliards d'euros un an plus tôt, dans un environnement boursier particulièrement difficile.Malgré tout, le président du directoire de Deustche Bank, Josef Ackerman, se dit convaincu que la banque affichera un résultat "satisfaisant" sur l'ensemble de 2002. Sur neuf mois, l'établissement affiche un bénéfice avant impôt de 3,3 milliards d'euros, en progression de 13,5% par rapport aux neuf premiers mois de 2001. La banque insiste notamment sur le fait qu'elle est en avance sur son objectif d'économiser deux milliards d'euros d'ici la fin 2003, et que 10.000 emplois ont déjà été supprimés, sur les 14.000 prévus.A Francfort, après avoir ouvert en très nette baisse perdant même jusqu'à 6%, le titre Deutsche Bank s'est repris pour afficher en début de soirée une hausse de 0,88% à 43,79 euros.
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