Scor charge la barque

Quinze jours après sa nomination comme PDG de Scor, Denis Kessler fait parler la poudre. "Depuis mon arrivée à la tête du groupe, le 4 novembre dernier, j'ai fait procéder à un examen de la situation de l'entreprises et de ses perspectives", indique-t-il dans un communiqué. Cette revue de détail débouche sur une sévère remise à plat des comptes.Le groupe français de réassurance, qui devait enregistrer pour l'ensemble de l'exercice 2002 une perte de 250 millions d'euros selon la précédente direction, pourrait finalement accuser une perte nette de l'orde de 400 millions d'euros. Concernant les neuf premiers mois de l'année, "cette revue approfondie du bilan conduit à une perte nette de 425 millions d'euros". La perte d'exploitation s'est établie à 432 millions d'euros, contre 315 millions sur la même période de 2001. La dégradation des marchés - qui a entraîné des moins-values sur le portefeuille actions et d'importantes dépréciations d'actifs pour un total de 268 millions d'euros - ainsi que la révision en hausse des provisions (+340 millions d'euros) pour certains risques comme l'activité de Scor US, de Commercial Risk Partners et l'exposition du groupe à l'amiante expliquent, selon Scor, cette révision de la prévision de perte annuelle.Dans ce contexte, Scor met en place "un plan de redressement énergique". Applicables immédiatement, ces mesures entraînent "un recentrage de la souscription sur des produits et des régions devant permettre un retour rapide à la rentabilité", précise le communiqué. Ainsi, la souscription sera réduite de plus de 600 millions d'euros l'année prochaine (-10% par rapport au niveau de 2002) et sera orientée vers des "domaines de rentabilité choisis" (réassurance de personnes, grands risques d'entreprises, affaires non proportionnelles et branches courtes en réassurance dommages) et vers deux zones prioritaires (Europe et Asie-Pacifique). Le groupe prévoit en effet "une forte contraction" des activités aux Etats-Unis (réduction de plus de 30% attendue en 2003 par rapport à 2001) et aux Bermudes. Le groupe ajoute que ce plan de redressement et le lancement d'une augmentation de capital de 350 à 400 millions d'euros doivent permettre de remettre le groupe "sur la bonne voie, celle du développement maîtrisé, de la solvabilité et de la rentabilité". Scor se fixe donc comme objectif d'augmenter dès 2003 son niveau de solvabilité avec pour but d'atteindre dès l'année prochaine un ratio capitaux permanents/primes nettes compris entre 40 et 50%. Concernant la politique de souscription, elle devra obéir à certaines contraintes. Pour 2003, elles consisteront, souligne le groupe, "en un ratio combiné net inférieur à 96 % en dommages, en un ratio combiné net inférieur à 95 % en grands risques d'entreprises, ainsi qu'en une marge d'exploitation supérieure à 3 % en vie". Compte tenu des perspectives et du contexte de marché, ce plan de redressement, conjugué à l'augmentation de capital, devrait permettre selon le groupe de renouer avec la rentabilité dès 2003 en fixant "un objectif de ROE (après provisions d'égalisation et après impôts) supérieur à 10 %.". Cette amélioration de la santé du groupe passera notamment par une réduction d'au moins 15% des frais généraux sur deux ans.En ce qui concerne l'augmentation de capital, d'après les indications de Scor, une dizaine d'actionnaires existants ont d'ores et déjà indiqué leur intention d'exercer leurs droits de souscription, voire d'accroître leurs participations, ce qui représenterait au total environ la moitié de l'émission envisagée. A la Bourse de Paris, le titre Scor, qui avait terminé vendredi sur une baisse de 4,18% à 6,42 euros, a d'abord vivement chuté à l'ouverture de lundi, perdant jusqu'à 9%, avant de se reprendre très nettement. A la clôture, l'action affiche la plus forte hausse du SRD : +11,64% à 6,81 euros.
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