Soros, seul condamné du procès concernant le raid contre la Société Générale

Une condamnation - celle de l'Américain George Soros - et deux relaxes ont été prononcées vendredi par le tribunal correctionnel de Paris pour des délits d'initiés lors du raid boursier contre la Société générale, le plus gros scandale politico-financier de la fin des années 80. L'homme d'affaires américain a été condamné à 2,2 millions d'euros d'amende, soit le montant de son profit lors de cette opération. Cela correspond aussi à la sanction minimale en cas de condamnation. "Abasourdi et consterné", George Soros a déjà indiqué qu'il comptait faire appel de la décision. Ses co-prévenus, le Libanais Samir Traboulsi et Jean-Charles Naouri ont été relaxés. Les trois hommes étaient soupçonnés d'avoir spéculé durant l'été 1988 sur les actions Société Générale, après avoir obtenu des informations encore confidentielles sur un raid boursier que lançait l'homme d'affaires Georges Pébereau. La loi interdit à tout professionnel, qui a été contacté pour et a refusé de participer à une opération financière confidentielle, de spéculer sur des actions tant que l'opération n'est pas publique. Quelques semaines après le retour de la gauche au pouvoir, il s'agissait pour Georges Pébereau, avec l'accord du gouvernement socialiste, de reprendre le contrôle de la banque privatisée 18 mois auparavant, en pleine cohabitation, par Edouard Balladur, alors ministre des Finances du gouvernement Chirac. Dans ses attendus, le tribunal estime que George Soros avait bien eu connaissance du raid boursier. Il avait d'ailleurs expliqué à l'audience avoir renoncé à participer au tour de table quand il s'était rendu compte que l'objectif du raid était politique et non économique. "M. Soros a donc bien été informé sur la cible et les moyens pour mener à bien l'opération, l'ampleur de celle-ci, les investisseurs participants, les ramassages d'actions, ce qui expliquait les mouvements constatés sur le titre", écrit le tribunal, présidé par Sophie Foncelle. Le tribunal a en revanche suivi la défense de Samir Traboulsi, qui avait expliqué avoir acheté des actions sur les conseils de son agent de change, et non après avoir reçu des informations privilégiées de la part d'un de ses proches, Alain Boublil, alors directeur de cabinet du ministre des Finances Pierre Bérégovoy. Comme le souligne le tribunal, rien ne prouve que Samir Traboulsi ait été alerté par Alain Boublil, puisque ce dernier n'a jamais été mis en examen, ni interrogé par le juge d'instruction, ni confronté avec Samir Traboulsi. Quant à Jean-Charles Naouri, alors PDG de la société Euris, le tribunal l'a relaxé au bénéfice du doute. Contacté par Georges Pébereau, il avait expliqué avoir renoncé à participer au raid avant de savoir qu'il s'agissait précisément de la Société Générale. Quatorze ans après les faits, l'affaire de la Société générale, qui avait occasionné 11 inculpations, 130 auditions, 20 perquisitions et mis en lumière une intervention du ministre des Finances Pierre Bérégovoy, a donné lieu en novembre à une dizaine d'heures de procès et abouti à une seule condamation. Un prévenu, Jean-Pierre Peyraud, âgé de 72 ans, dont le cas avait été disjoint en novembre pour raison de santé, pourrait être jugé en février. Le tribunal juge d'ailleurs "indéniable" que la longueur de cette procédure soit "excessive", tout en concluant que cela ne l'invalide pas pour autant.
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