Le patron d'Allianz jette l'éponge

Dure journée pour les grands patrons européens. Alors que s'achève une année des plus difficiles pour les affaires, les dirigeants de deux des plus grands groupes européens ont annoncé, à quelques heures d'intervalle, leur intention de quitter leurs fonctions. Dans des conditions cependant bien différentes. Après Chris Gent, directeur général de Vodafone, qui laisse un groupe en bonne santé à son successeur, c'est en effet Henning Schulte-Noelle, président du directoire d'Allianz, qui cédera le 29 avril prochain, date de l'assemblée générale, les rênes d'un géant fragilisé.Alors qu'il aurait pu, selon les statuts du groupe, rester en poste jusqu'en 2007, Henning Schulte-Noelle sera remplacé par Michael Diekmann, 47 ans, actuellement en charge des activités américaines d'assurance et par ailleurs responsable de la gestion des ressources humaines de l'ensemble du groupe. Le géant allemand de la bancassurance ne donne aucun motif pour expliquer cette décision inattendue, acceptée par le conseil de surveillance du groupe. Même si le président démissionnaire affirme pour sa part qu'il s'en va "pour des raisons personnelles", les difficultés expliquant son départ ne manquent pas : les comptes du groupe se sont très fortement dégradés cette année, et les inondations de l'été en Allemagne et dans les pays voisins ne suffisent pas à expliquer cette débâcle. Sur les 2,5 milliards de pertes du seul troisième trimestre, un gros tiers (972 millions précisément) est ainsi à mettre au débit de la Dresdner Bank. L'acquisition de cette dernière, l'an dernier, pour 25 milliards d'euros, avait pourtant constitué le principal fait d'armes de Henning Schulte-Noelle et le couronnement de la stratégie de croissance externe menée ces dernières années. Avant que les difficultés d'intégration et la faiblesse des synergies entre les métiers de la Dresdner et ceux d'Allianz ne fassent déchanter les investisseurs. Le président en partance assure pourtant aujourd'hui que cette acquisition "reste justifiée" et que "nous allons poursuivre le travail avec Dresdner Bank pour rendre cette intégration satisfaisante le plus rapidement possible".La dégradation des marchés financiers, la nécessité de provisionner lourdement les portefeuilles d'actifs financiers et la montée du coût du risque dans les métiers d'assurance ont accentué la fragilisation d'Allianz, dont les fonds propres se sont dégradés rapidement, tombant à 20,9 milliards d'euros fin septembre, contre 31,7 milliards un an plus tôt. Suprême humiliation, le groupe a même dû démentir la rumeur d'une augmentation de capital, mais il a levé ces dernières semaines 3,5 milliard d'euros sur les marchés obligataires.Michael Diekmann prendra donc fin avril la tête d'un groupe mal en point. Son prédécesseur assure que la stratégie de bancassurance sera poursuivie. Mais il devra néanmoins rapidement prendre des décisions importantes, notamment sur le débouclage au moins partiel des liens avec le réassureur Munich Re (son premier actionnaire, dont il détient 23%) et sur la vente de certaines participations industrielles, comme les 43,6% du capital du groupe de cosmétiques Beiersdorf, pour lesquels Allianz exige une prime de près de 80% sur le cours de Bourse actuel. A la Bourse de Francfort, l'annonce du départ prématuré de Hennig Schulte-Noelle inquiète en tout cas les investisseurs : en hausse en début de journée, l'action Allianz est passée dans le rouge après la publication du communiqué du groupe, et perdait 2,4% en fin de journée à 102,49 euros. Depuis le début de l'année, elle abandonne 60%.
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