Les mains sales, version Wall Street

Le concurrent en question : la firme londonienne Intercapital Management (Icap). Celle-ci se défend haut et fort de toute mauvaise intention mais Cantor Fitzgerald lui reproche d'avoir débauché trois de ses brokers "vedettes" avec l'espoir que ces départs mettraient la firme à genoux. "Pièces à conviction" présentées cette semaine par l'avocat de Cantor-Fitzgerald devant un tribunal de Londres où se déroule le procès : une série d'e-mails entre le PDG d'Icap, Michael Spencer, et David Casterton, le responsable chez Icap du service des taux d'intérêt, celui qui a récupéré les brokers débauchés. Dans cette correspondance, figurent des passages croustillants. Par exemple : "J'aimerais tellement organiser un hold-up", écrit-il le 11 octobre - c'est à dire exactement un mois après l'attentat. Et trois semaines plus tard : "Oh, comme je voudrais leur faire toucher le fond. C'est le moment que j'attends depuis des années." Suivent ensuite des allusions à ce que pourrait rapporter le "kidnapping" des trois brokers: "Il y a deux façon de voir leur embauche. La première : ils vont gagner de l'argent pour nous. La deuxième : on fait du mal à un concurrent." Ces lignes ne sont-elles que de (noires) boutades ou au contraire l'expression de sombres desseins? Cantor Fitzgerald, bien sûr, voit dans cette correspondance la préparation d'un coup tordu puisque 10 de ses 50 spécialistes du service taux d'intérêt - dont les trois en question - auraient quitté la firme peu après l'envoi de ces missives. Résultat : Lee Amaitis, le président de Cantor Fitzgerald, affirme que ce débauchage a porté un coup moral et financier à la firme alors qu'elle venait de perdre 658 employés à New York. D'après lui, les trois brokers "volés" lui rapportaient entre 4 et 5 millions de dollars par an et, après ce "vol" intentionnel, il demande réparation devant le justice. "Le pire, se plaint Amaitis, c'est que Spencer est venu dans mon bureau après la catastrophe et il m'a serré la main en me demandant ce qu'il pouvait faire pour nous aider... Cela me dégoûte. "Icap, évidemment, ne l'entend pas de cette oreille et défend sa réputation. "Les événements du 11 septembre - si horribles soient-ils - n'ont pas de relation avec la décision de trois brokers de nous rejoindre, fait observer sa direction. Suggérer que cela a été fait pour porter un coup définitif à Cantor est scandaleux, surtout dans ce contexte. Notre firme a d'ailleurs donné plus de 500.000 dollars pour les familles des employés de Cantor Fitzgerald qui ont péri lors de l'attentat."Le tribunal tranchera bientôt. Mais Icap a fait remarquer au passage que, en 1999, Cantor Fitzgerald avait été reconnu coupable d'avoir essayé de débaucher des employés d'Icap. Un prêté pour un rendu, sans doute...
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