Pas de miracle en 2002

Et même les patrons de la high tech américaine, que l'on connut il n'y pas si longtemps animés d'un optimisme inébranlable, rivalisaient de prudence dans leurs pronostics."Je ne vois pas de reprise forte cette année," a dit Bill Gates. "Il n'y en aura certainement pas au Japon, et pas aux Etats-Unis non plus. L'Europe sera peut-être un peu plus positive." Pour le président de Microsoft, le mouvement de baisse des investissements n'est pas encore près de s'inverser, singulièrement dans les secteurs dont les capacités sont encore traditionnellement excédentaires, comme les télécommunications, qui sont souvent de gros consommateurs de technologie.S'il est un groupe que ce repli généralisé a durement touché, c'est bien EMC, leader mondial du stockage informatique. Son président Mike Ruettgers a abandonné son titre de directeur général et fait désormais preuve d'une modestie dont on ne l'aurait pas cru capable au temps où l'action EMC étaient l'une des valeurs les plus recherchées du Nasdaq - au temps où il aimait raconter comment, quand ses commerciaux ne tenaient pas leurs objectifs de vente, il faisait déposer dans leurs bureaux les produits invendus, qu'ils étaient obligés d'escalader pour s'installer dans leur fauteuil...Aujourd'hui, Mike Ruettgers est bien obligé de constater que même EMC ne peut échapper totalement aux ravages de la récession. Et il ne dit pas autre chose que Bill Gates : "Mon sentiment personnel est qu'il ne faut pas s'attendre à une forte reprise cette année."Par comparaison, Jim Morgan a toujours été d'une grande sobriété. Le patron d'Applied Materials, le fabricant de machines destinées à la production de microprocesseurs, est inquiet de la lenteur avec laquelle les Intel, Sony et autres TSMC, le producteur de puces taïwanais, modernisent leur outil industriel. Ils pourraient ne pas être prêts le jour où la demande va repartir, prévient-il.Bref, la pilule est amère, mais elle a ses vertus, selon Bill Gates. "La sobriété va durer," dit-il. "C'est très sain. J'aime bien cette période pendant laquelle les gens doivent s'en tenir à des règles sensées sur le plan économique."Le discours est naturellement d'autant plus facile à tenir que Microsoft demeure, malgré la crise, l'une des entreprises les plus rentables au monde.
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