Une pharmacie sous les mers

Appréciée des plongeurs et des amoureux de la nature, la grande barrière de corail australienne se révèle être une mine pharmacologique. Des chercheurs de Sydney y ont récemment détecté une famille de bactéries susceptibles de servir de principe actif pour de nouveaux médicaments contre les maladies d'Alzheimer et de Parkinson. En effet, ces micro-organismes vivant à la surface des coraux sont exposés aux ultra-violets et s'en défendent en produisant de l'enzyme Q, un puissant antioxydant qui détruit les radicaux libres et les toxines produits par les cellules. Cette découverte pourrait, selon les chercheurs, aider l'homme à lutter contre le phénomène d'oxydation à la base du processus de vieillissement. Et également à agir contre certains effets des maladies dégénératives. Au fond des mers gît un véritable trésor, s'extasient donc les scientifiques. Couvrant 70% de la surface du globe, les océans recèlent une biodiversité incomparable. A 5000 mètres de fond, on trouve des familles de molécules chimiques complètement inconnues à la surface. Elles représentent un potentiel considérable pour les industries textiles, agroalimentaires, cosmétiques et, bien sûr, pharmaceutiques. Encore faudra-t-il contrôler la toxicité de ces substances, véritables poisons produits par certains invertébrés marins (éponges, mollusques) pour se défendre contre leurs prédateurs. C'est une des raisons de la relative réticence des industriels à investir sur les molécules marines : leur utilisation en pharmacologie est synonyme d'effets secondaires graves, et beaucoup de ces substances doivent être abandonnées après de coûteuses expérimentations. Quelques médicaments "marins" ont pu quand même émerger, essentiellement dans le domaine des anti-cancéreux. Ainsi, la Cytarabine dont la substance active est dérivée d'une éponge des Caraïbes est utilisée dans le traitement des leucémies et des lymphomes. Une société espagnole, PharmaMar, s'est même spécialisée sur ce créneau thérapeutique. Deux de ses médicaments anti-cancer sont actuellement testés sur l'homme. La mer fournit également des matières premières pour des usages plus futiles. Ces dernières années, l'industrie des cosmétiques a véritablement découvert les algues, bourrées de vitamines et d'oligo-éléments, et dont la structure présente des analogies avec l'épiderme. Une trentaine d'actifs marins ont ainsi pu être validés par les laboratoires de cosmétique pour leurs propriétés anti-inflammatoires, anti-radicaux libres et de régénération cellulaire. Retrouvez l'actualité technologique tous les mercredis dans "La Tribune de l'Innovation", édition papier.
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