Shell et Chevron à la recherche de proies...

Par latribune.fr  |   |  508  mots
La semaine dernière, les rumeurs d'un intérêt possible du groupe anglo-néerlandais Royal Dutch Shell pour le groupe énergétique allemand RWE ont circulé sur les marchés financiers. Des rumeurs pas si fantaisistes qu'on pouvait le penser au premier abord: le secteur du gaz naturel est devenu une proie très attractive pour les grands groupes pétroliers, comme le montrent les opérations de fusion-acquisition qui ont eu lieu récemment.Chevron Texaco, le pétrolier américain, a ainsi affirmé qu'il était sous-représenté dans le gaz naturel en Europe et pensait investir fortement pour compenser. Des négociations pourraient être déjà en cours et les marchés s'attendent à ce que l'entreprise soulève la question lors de la présentation de ses prochains résultats. La raison principale de cette diversification est selon les analystes un besoin d'atténuer une dépendance excessive par rapport au secteur pétrolier: les compagnies gazières ont des profits généralement stables car elles ont signé des contrats de longue durée avec leurs clients. De plus, la lourde réglementation mise en place par les différents gouvernements européens évite toute mauvaise surprise financière.Toutefois, les analystes sont tous d'accord pour dire que le britannique BG ferait une bien meilleure cible pour Chevron que RWE. BG, le groupe d'exploration né de la scission de British Gas, est un des rares acteurs du secteur purement spécialisé dans l'extraction et la production de gaz. Un des conseillers qui avaient participé à la séparation de BG nous a confirmé qu'une des intentions originelles de la scission était de permettre à BG de prendre part à la consolidation du secteur.Des rumeurs d'OPA circulent depuis longtemps autour de BG et Shell est un nom qui a été cité fréquemment, à l'inverse de Chevron. Mais l'hypothèse d'une nouvelle OPA de Shell laisse perplexe les investisseurs, qui ont vu le groupe pétrolier lancer pas moins de 5 offres de rachat en l'espace de deux ans pour une valeur globale de 18 milliards d'euros. Et la spéculation sur les actions BG a été telle que le lancement d'une OPA serait automatiquement destructrice de valeur. Cependant, d'autres grands du secteur sont aussi soupçonnés d'avoir été tenté par BG. TotalFinaElf par exemple, aurait recruté Lehman Brothers l'année dernière pour jeter un coup d'oeil sur BG et la possibilité de lancer une OPA.Les spécialistes du gaz en Europe sont peu nombreux et guère candidats au rôle de proie potentielle, du fait de l'habitude continentale d'avoir des actionnaires minoritaires significatifs et surtout des activités de services aux collectivités peu attrayantes. L'allemand Ruhrgas pourrait être vendu à un groupe étranger si l'offre de rachat proposée par son compatriote E.on est bloquée par les autorités allemandes de la concurrence. De même, il semble peu probable que Shell sera attiré par RWE, une entreprise hautement politisée aux activités aussi diverses que l'électricité, le gaz et l'eau.