Mais si, France Télécom vaut encore quelque chose...

Ces derniers temps, les Anglo-saxons s'en donnent à coeur joie et ne manquent pas une occasion de critiquer France Télécom. Tout d'abord parce que l'Etat français détient 54 % du capital et que, sur les marchés financiers, la présence d'un Etat au capital d'une entreprise est toujours considéré comme étant un anachronisme. Deuxièmement, parce que les Américains vivent l'un des plus grand scandales de leur histoire économique, la faillite frauduleuse d'Enron. D'UBS Warburg à Credit Suisse First Boston, tous les analystes anglo-saxons (sauf ceux des banques qui travaillent avec l'opérateur) reprochent à France Télécom son manque de transparence dans la gestion du dossier MobilCom, ce fournisseur allemand de services mobiles détenu à 28,5 % par Orange. Et le marché applique en retour une décote à France Télécom pour tenir compte du risque associé à MobilCom. Une décote très élevée puisque les investisseurs sont aussi dans l'expectative en ce qui concerne NTL, le câblo-opérateur britannique. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Quels sont les montants en jeu ? MobilCom a 6 milliards d'euros de dettes et une capitalisation boursière de 1,3 milliard. France Télécom n'a aucun intérêt à prendre le contrôle de son partenaire allemand, sous peine d'augmenter encore sa dette, actuellement de 65 milliards d'euros. Gerhard Schmidt, le fondateur de MobilCom, peut certes vendre sa participation de 33 % à France Télécom sous certaines conditions. Mais quel est son intérêt ? Si France Télécom a l'obligation de financer son entreprise jusqu'au démarrage de l'UMTS, pourquoi la vendrait-il maintenant, alors que la valeur de sa société est au plus bas ou presque ? Les réponses à ces questions, le marché n'en a que faire. Il a peur. Il a l'impression qu'on lui a caché quelque chose et il n'aime pas ça. Mais au cours de 34 euros, France Télécom capitalise 39 milliards d'euros, soit moins de somme de ses participations de 85 % dans Orange, 73 % dans Wanadoo et 54 % dans Equant. L'activité de téléphonie fixe n'est donc pas prise en compte dans la capitalisation boursière de France Télécom. Comme la valeur d'une entreprise est égale à sa capitalisation boursière augmentée de sa dette, on peut donc avancer que la valeur de la téléphonie fixe de France Télécom est égale à la dette de l'opérateur. Soit 65 milliards d'euros. Le hic, c'est que cette dette coûte 4 milliards d'euros par an et que la téléphonie fixe rapporte 6 milliards. Le marché ne prend donc pas en compte 2 milliards d'euros de cash-flow par an chez France Télécom. Il a tort : il est fort peu probable que MobilCom ou NTL coûtent 2 milliards d'euros par an à l'opérateur... En ce qui concerne NTL - un investissement certes catastrophique -, le cash a déjà été dépensé. Quant à MobilCom, s'il peut coûter plusieurs milliards à France Télécom, il en rapportera bien aussi quelques uns en contrepartie.
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