Brouillage franco-allemand

Le feuilleton France Télécom-MobilCom continue. Spectaculaire, la rupture, mardi, de l'accord de coopération entre l'opérateur français et son partenaire sur le marché allemand de la téléphonie mobile n'a pourtant guère fait avancer le schmilblick. France Télécom agitait depuis longtemps la menace d'une faillite de MobilCom pour atteindre son objectif : évincer Gerhard Schmid, le patron de l'opérateur allemand.Désormais, la menace est on ne peut plus claire. Mais le maintien d'un soutien financier de France Télécom - même limité - à sa filiale, ainsi que la poursuite des négociations avec les banques pour re-financer la dette de la société allemande, montrent les limites, pour l'heure, de la politique du pire. Personne n'a intérêt à voir sombrer le quatrième opérateur mobile allemand.En fait, le dernier épisode du feuilleton a surtout contribué à tendre un peu plus les relations entre les deux côtés du Rhin. Normal, pourrait-on dire. Une telle violence et une telle virulence sont assez communes dans le monde des affaires. L'ennui, c'est que la non résolution de ce conflit et ses multiples rebondissements ont ouvert la porte à des commentaires dont les relents nationalistes sont de moins en moins voilés.Bons Français contre méchants Allemands, David MobilCom face à Goliath France Télécom, c'est tellement simple... Le secret originel qui entoure les conditions de partenariat entre les deux opérateurs laisse la porte ouverte à toutes sortes d'interprétations dont les médias allemands et français se font les échos.Ainsi, selon l'hebdomadaire économique Wirtschaftswoche d'hier, France Télécom ne ferait que s'ingénier à faire baisser le cours de l'action MobilCom afin de le racheter à bas prix et lui faire subir un sévère plan social. Tous les prétextes pour atteindre cet objectif seraient ainsi justifiés. De même, côté français, est-on parfois tenté de privilégier comme explication à cette crise les inconséquences managériales d'un Gerhard Schmid, souvent décrit comme incontrôlable. Comme souvent, la vérité est sans doute ailleurs ou plutôt est-elle moins simple. Si l'accord de coopération devenu caduc était rendu public, il serait sans doute plus facile de pointer les responsabilités de chacun. Mais, à défaut, il serait bon qu'une solution - on n'ose plus dire honorable - soit rapidement trouvée, afin que l'irrationnel et l'émotionnel ne polluent pas davantage la situation. Les 6.100 salariés de MobilCom le valent bien.
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