Les banques d'affaires américaines souffrent toujours de Wall Street

Ce n'est pas vraiment une surprise : les grandes banques d'affaires de Wall Street vivent des temps difficiles. La déprime boursière qui aura marqué l'essentiel de l'année 2002 a continué à peser directement sur leurs revenus du dernier trimestre, avec la chute des commissions sur émissions de titres et fusions-acquisitions qui en résulte.Dans ces conditions, certaines s'en sortent mieux que d'autres, comme le montrent les résultats trimestriels publiés ce jeudi par trois grands établissements. La meilleure performance est affichée par Lehman Brothers, qui a enregistré un quasi doublement de son bénéfice net à 243 millions de dollars pour le quatrième trimestre de son exercice 2002 (s'achevant au 30 novembre). Non pas que Lehman soit immunisé contre la conjoncture des marchés : cette performance s'explique en fait largement par une base de comparaison très favorable. Car le résultat 2001 de la banque avait été fortement impacté par une charge exceptionnelle de 127 millions de dollars au titre des coûts résultant des attentats du 11 septembre. Lehman avait alors dû déménager de ses locaux situés dans le World Financial Center.Pour le dernier trimestre de son exercice, le bénéfice par action de Lehman s'est établi à 91 cents contre 46 cents un an plus tôt. Un chiffre qui apparaît nettement supérieur aux attentes des analystes. Selon le consensus First Call, ces derniers tablaient en moyenne sur un bénéfice par action de 88 cents. La banque, dont le produit net bancaire a augmenté de 14% à 1,54 milliard de dollars pendant le trimestre, a souffert comme tout le secteur de la morosité des marchés d'actions. Mais elle a malgré tout réussi à limiter la casse grâce à ses opérations sur le marché obligataire, moins sinistré que celui des actions. Ainsi, tandis que le revenu de ses activités de banque d'affaires (conseils, etc...) reculait de 11% pendant le trimestre, les activités de Lehman sur le marché obligataire se sont envolées, avec un quasi-doublement de leur bénéfice, à 733 millions de dollars. Une performance qui reflète les profonds réajustments de portefeuille opérés par les clients institutionnels de la banque. Lehman, par ailleurs, a diminué ses effectifs d'environ 5% pendant le trimestre. Sur la même période - un quatrième trimestre comptable s'achevant fin novembre - sa rivale Morgan Stanley affiche un résultat beaucoup moins positif, avec un recul de 16%, à 732 millions de dollars, de son bénéfice net. C'est une charge exceptionnelle pour restructuration, d'un montant de 235 millions de dollars, qui est à l'origine de cette mauvaise performance.Ainsi, le bénéfice net par action de Morgan s'est élevé à 67 cents. Mais si l'on fait abstraction des charges exceptionnelles, le résultat par action est de 81 cents, soit mieux que les 74 cents attendus par les analystes. Du fait de la déroute des marchés, l'établissement a vu son produit net bancaire reculer de 8% à 4,25 milliards de dollars. Commentant ces résultats, le directeur général de Morgan, Philip Purcell, a affirmé que "la chute des niveaux d'activité pour l'ensemble du secteur a fait chuter de façon significative les résultats de nos opérations sur titres et de gestion d'actifs". Morgan Stanley a décidé de se restructurer en conséquence. La banque a donc passé une provision de 235 millions de dollars à cette fin, dont 162 millions pour fermer des bureaux aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et 73 millions de dollars pour supprimer des emplois. A mi chemin entre les deux établissements précédents, Goldman Sachs affiche pour sa part une hausse de 1,6% de son bénéfice net à 505 millions de dollars sur le trimestre. Le bénéfice par action s'est établi à 98 cents, contre 83 cents un an plus tôt. Une performance légèrement meilleure qu'attendu, puisque le consensus First Call était de 96 cents par action. La banque attribue cette résistance de ses résultats à ses activités de gestion d'actifs et à sa politique de réduction des coûts: la banque a ainsi supprimé 908 emplois pendant le trimestre, soit 4% de ses effectifs.Mais ses opérations de banque d'investissement ont encore souffert sur la période, avec une chute de 34% de leurs résultats. Et le produit net bancaire de Goldman a reculé de 16% à 2,888 milliards de dollars.Jeudi en fin de matinée à Wall Street, l'action Lehman Brothers progresse de 0,38% à 56,17 dollars. Le titre Morgan Stanley recule de 0,24% à 41 dollars, tandis que Goldman perd 1,18%, à 72,83 dollars.
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