Le clone, une valeur qui monte en Bourse

Embryon humain cloné, cellules-souches de primates créées par parthénogénèse : voilà deux récentes expérimentations qui font s'interroger les scientifiques, frissonner le grand public et les médias... Et séduisent les boursiers qui parient aujourd'hui sur un prochain boom biotech. Ainsi, la banque d'investissement Merrill Lynch prévoit-elle pour ce secteur constitué d'une myriade de start-up et de jeunes sociétés une progression plus forte que l'indice Nasdaq dans les années à venir. Une opinion basée sur des perspectives économiques extrêmement prometteuses, selon ses analystes. D'ores et déjà, un médicament sur deux mis sur le marché provient des biotechnologies. Et plus de 350 nouveaux produits sont actuellement en cours d'expérimentation dans les sociétés biotech contre moins de 75 pour la "big pharma", ce club des géants mondiaux de l'industrie pharmaceutique. Au total, le marché européen des biotechs pourrait représenter 250 milliards d'euros et 3 millions d'emplois. Pour autant, garder la tête froide semble nécessaire. Car si les promesses sont énormes, les obstacles sont nombreux. Le modèle économique du secteur est particulièrement périlleux : pour des jeunes sociétés, le coût de la recherche clinique est particulièrement élevé, en raison, notamment, du temps nécessaire au développement d'un médicament : une petite dizaine d'années en moyenne. Et les risques d'échec ne sont pas négligeables. Ainsi, les expérimentations d'un vaccin contre la maladie d'Alzheimer viennent d'être suspendues en Europe à la suite de l'apparition de cas de méningite. Pour pouvoir faire face, le secteur est engagé dans un processus de concentration avec, à la clé, la recherche de partenariats entre start-up et "big pharmas" et des rapprochements entre sociétés (Amgen-Immunex, par exemple).Une raison supplémentaire d'être prudent : il est parfois difficile d'évaluer à leur juste mesure les annonces scientifiques faites par les sociétés, qui, bien évidemment, jouent à fond la médiatisation pour séduire les investisseurs. Advanced Cell Techology (ACT) est, à cet égard, un cas d'école. En novembre dernier, la firme avait attiré sur elle l'attention générale (et, espérait-elle, celle de financiers), avec l'annonce d'un premier clonage d'embryon humain. Publiée sur un site scientifique à l'autorité contestée, l'expérience s'est, en fait, révélée être un échec. ACT nous refait-elle le coup de l'annonce scientifico-boursière avec sa nouvelle découverte ? Elle a annoncé la semaine dernière avoir obtenu une lignée de cellules souches à partir d'un embryon de singe, par parthénogénèse (reproduction sans sperme à partir de l'ovule, une forme de clonage pratiquée dans la nature par quelques espèces de poisson). Si on pouvait appliquer ce modèle à l'homme, on pourrait alors se passer de travailler sur l'embryon. Qui vivra verra...Retrouvez l'actualité technologique tous les mercredis dans "La Tribune de l'Innovation", édition papier.
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