Bluetooth enfin prêt à décoller

Par latribune.fr  |   |  795  mots
Prenez quelques effets d'annonces, ajoutez quelques applications réelles, mélangez les deux et vous obtenez une présence remarquée pour la technologie Bluetooth lors de l'édition 2002 du CeBIT. Née en 1998, cette technologie de fréquence radio qui permet la transmission d'informations sans fil dans un périmètre d'une dizaine de mètres en était resté, jusqu'à très récemment, au stade de l'idée géniale qui avait bien du mal à trouver son chemin dans la grande fourmilière des nouvelles technologies. Présentée comme concurrente, la norme 802.11, en provenance des Etats-Unis, semblait avoir pris une longueur d'avance. Le doute sur la capacité de Bluetooth à attaquer son marché supposé s'est peu à peu installé, nourri par quelques déclarations malheureuses émanant parfois de grandes sociétés pourtant favorables à cette technologie, comme Intel, et par l'affirmation répétée, depuis deux à trois ans, que la technologie était enfin prête sans que personne ne voie venir quoi que ce soit.Un frémissement a eu lieu l'an passé, lors du Bluetooth Congress de Monaco, quand les visiteurs et les professionnels ont découvert les premières cartes PCMCIA et solutions technologiques permettant de rendre certains appareils (une imprimante par exemple, comme démontré par Toshiba) compatibles avec la technologie en question. Mais d'application point, ou très embryonnaire. Finalement, l'heure de Bluetooth semble avoir enfin sonné cette année : preuve en est que cette technologie nourrissait bon nombre de conversations dans les allées du CeBIT. Mieux encore : on a enfin vu des applications réelles, ordinateur portable en main. Muni de cet appareil, il a été possible de rester connecté à Internet, sans câble bien évidemment, tout en se déplaçant dans l'exposition. Malgré les cloisons des stands, la connexion restait de bonne qualité dans un périmètre d'environ 30 à 40 mètres. Ce n'est qu'une fois sorti d'un hall et donc avec un mur de façade entre le PC portable et la station de base que la connexion s'interrompait. Inventel, une jeune société française installée dans le pavillon organisé par l'UBI (une association qui travaille avec le secrétariat d'Etat au Commerce extérieur), commence à commercialiser cette technologie : elle propose un boîtier se connectant sur une prise de téléphone ordinaire, avec un abonnement de type ADSL. L'offre s'appelle BlueDSL pour le marché des particuliers et EtherBlue pour celui des entreprises.Autre belle application, toujours proposée par une société française du pavillon UBI France, celle de Baracoda : cette jeune entreprise commercialise un stylo lecteur de codes barres capable ensuite de transmettre les informations à une base de données via Bluetooth (lire ci-contre). Le stylo fonctionne aussi bien avec un PC qu'avec un PDA mais aussi avec un téléphone portable. Baracoda vend également des solutions technologiques adaptées aux besoins spécifiques d'un utilisateur potentiel. Les perspectives applicatives, grâce au stylo, sont intéressantes bien qu'encore embryonnaires et à affiner. On peut imaginer une ménagère faisant ses courses en supermarché munie d'un tel objet. L'ajout d'un achat, validé par la lecture du code barre puis transmis à une base de données de références, pourrait déclencher un certain nombre d'actions commerciales ou marketing : réduction en caisse, gratuité d'un article après un certain nombre d'achats constatés du même produit, etc.. Différents obstacles matériels existent (comment appliquer un code barre à un produit frais de type légume par exemple ?) mais certains secteurs paraissent intéressés : la grande distribution bien sûr mais aussi les médias (presse TV notamment) et les sociétés de gestion d'événements (salons, expositions, etc.). Les métiers de la gestion d'inventaires et des banques de données d'images sont aussi très concernés.Pour l'heure, quelques difficultés restent à régler concernant Bluetooth : le parc installé d'appareils communicants intégrant la technologie doit croître très rapidement pour atteindre le seuil critique - plusieurs constructeurs ont fait des annonces en ce sens pour la fin d'année ou le début de l'année prochaine - ; l'interconnection entre les différentes bornes disponibles pour pouvoir effectuer la transmission radio sans compromettre la sécurité et la protection des données reste aussi un sujet majeur. Aujourd'hui, la communication n'est possible qu'entre un appareil clairement identifié et reconnu et une borne également identifiée et reconnue. Si la liaison est interrompue entre les deux, il est très difficile de travailler avec une station plus proche et capable de transmettre mais non déclarée dans le système de transmission.Bluetooth va-t-il donc décoller ? On en jugera au prochain salon consacré à cette technologie, en juin à Amsterdam.