Grandes manoeuvres autour de Jefferson Smurfit

Madison Dearborn, le fonds d'investissement américain, a finalement décidé d'aller de l'avant et de rendre publique son OPA sur Jefferson Smurfit, le groupe irlandais spécialisé dans le packaging. Les marchés financiers se demandent maintenant si les actionnaires de Smurfit peuvent bénéficier d'offres concurrentes.Madison paiera aux alentours des 3,26 euros par action, un chiffre qui n'est pas certain de rallier le soutien de tous les actionnaires, même si le management de Smurfit semble pencher pour Madison. Jefferson a confirmé lors de l'annonce de l'OPA avoir été approché par un autre fonds d'investissement, Texas Pacific selon la presse américaine. Le groupe a aussi été en contact avec un autre acteur du secteur jusqu'en juillet 2001. Certaines sources financières ont révélé que de nombreux concurrents surveillent chaque mouvement de Madison depuis le mois dernier. Il est cependant difficile de deviner qui pourrait endosser l'armure de chevalier blanc.SCA, UPM-Kymmene, M-Real et Mayr-Melnhof ont déjà été éliminés de la liste: ils ont déclaré n'avoir aucun intérêt pour Smurfit ou bien devoir faire face à des obstacles insurmontables auprès de la Commission Européenne. Une contre-offre de Stora-Enso a également été exclue par les analystes, qui pensent que l'acquisition n'aurait aucun sens stratégique.Mondi en revanche est vu par beaucoup comme un candidat probable au rachat de Smurfit, même si David Hawthorne, directeur général du groupe, a toujours refusé de commenter la possibilité d'une contre-offre. Smurfit est une proie intéressante pour le groupe, qui a toujours cherché à augmenter son poids dans le secteur d'opérations du groupe irlandais. De plus, Mondi a également le soutien financier de sa maison-mère, Anglo-American, qui est en position de faire une offre supérieure à celle de Madison Dearborn.Il est cependant fort probable que l'intervention d'un groupe européen devra faire face à une investigation poussée de la Commission Européenne, SCA, Stora Enso ou Mondi en particulier. Certains observateurs prétendent que les problèmes de concurrence soulevés par la Commission pourraient être résolus avec des cessions mineures. Toutefois, l'agence de notation Moody's affirme, elle, que si des activités devaient être vendues pour obtenir le feu vert de Bruxelles, elles pourraient être significatives.Les analystes financiers ne s'attendent pas à l'intervention d'un compétiteur américain. Alors qu'International Paper a déjà été mentionné comme acheteur potentiel, l'autre grand du secteur, Weyerhaeuser, a confirmé à mergermarket que son niveau d'endettement élevé ne lui permet pas de prendre part à la consolidation que subit le secteur. Kappa Packaging, racheté par CVC Capital et Cinven, se concentre à l'heure actuelle sur l'intégration d'AssiDoman. Mais on murmure que KKR, une société américaine de capital-investissement, a montré un intérêt particulier pour Smurfit et pourrait jouer un rôle minoritaire aux côtés de Madison Dearborn.Quoiqu'il soit, il semble que le plus grand obstacle qu'un chevalier blanc potentiel ait à surmonter serait de gagner l'approbation du management du groupe et de la famille Smurfit. Même si les directeurs n'agissent pas de concert avec Madison, il est probable qu'ils héritent d'une participation non-négligeable dans le groupe si l'offre réussit. De plus, la famille Smurfit, qui auparavant contrôlait environ 10% de l'entreprise, pourrait bien finir avec une part plus importante dans la nouvelle entité.
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