JP Morgan s'effondre, Merrill Lynch résiste

Les ingrédients sont les mêmes - effondrement des activités liées aux marchés financiers, bonne tenue des opérations avec les particuliers - mais leur impact final varie selon les établissements : les résultat des banques américaines annoncés aujourd'hui vont du pire, comme ceux de JP Morgan Chase, au convenable, comme ceux de Merrill Lynch.Après les chiffres satisfaisants annoncés hier par Citigroup et Bank of America (lire ci-contre), ceux de la deuxième banque américaine, JP Morgan Chase, se révèlent catastrophiques. L'établissement a vu son bénéfice net divisé par 11 au troisième trimestre, à 40 millions de dollars contre 449 millions un an plus tôt. Ce qui va l'amener à supprimer au moins 2.000 emplois supplémentaires...Certes, la banque avait prévenu à la mi-septembre que ses chiffres seraient mauvais. Et de fait, son bénéfice par action hors éléments exceptionnels est tombé à 16 cents contre 55 cents il y a un an. Ce sont les activités de banque d'affaires, touchées de plein fouet par la crise des marchés, qui sont à l'origine de cette dégringolade. Elles ont en effet affiché une perte d'exploitation de 256 millions, contre un bénéfice de 702 millions au troisième trimestre 2001. De même, la branche d'investissement de JP Morgan a vu ses pertes se creuser en un an, de 153 millions à 284 millions de dollars.2.000 suppressions d'emplois à venirA l'inverse, les activités de banque pour les particuliers se sont remarquablement bien portées, leur bénéfice d'exploitation progressant de 92% pour s'établir à 807 millions de dollars. "Bien que la force de nos opérations de détail et de services constitue un élément positif de premier plan, notre performance générale est très décevante", a commenté le directeur général de JP Morgan, William Harrison.Frappée par la déprime boursière et par son exposition au secteur sinistré des télécoms - les provisions pour créances douteuses passent en un an de 189 millions à 834 millions de dollars -, la banque doit maintenant prendre des mesures sévères. Elle vient d'annoncer qu'elle allait passer une provision de 450 millions de dollars pour financer la suppression de 2.000 emplois au minimum, ainsi que celle de nombre de postes de consultants externes dans sa division banque d'investissement. Se refusant à abandonner ce dernier métier, JP Morgan Chase va néanmoins réduire la voilure dans des secteurs comme l'Asie et l'Amérique latine, tandis que les activités liées aux marchés d'actions vont devoir maigrir. Merrill, champion de la réduction des coûtsPlacée au coeur des marchés financiers, Merrill Lynch s'en sort pourtant beaucoup mieux que JP Morgan. La banque d'affaires a en effet vu son bénéfice net bondir de 64% au troisième trimestre, pour s'établir à 693 millions de dollars. Deux raisons à cela : des remboursement d'assurances suite aux attentats du 11 septembre et, plus fondamentalement, des mesures impitoyables de réduction des coûts. Merrill, dont le siège avait été détruit lors de l'attentat contre le World Trade Center, a encaissé au trimestre dernier d'importants remboursements de la part de ses assureurs. Mais abstraction faite de ces éléments exceptionnels, son bénéfice net a progressé de 22%, à 579 millions de dollars contre 475 millions un an plus tôt. L'établissement a pourtant souffert, lui aussi, de l'effondrement des activités financières. Son produit net bancaire a chuté de 15,2%, à 4,362 milliards de dollars. Mais Merrill a pris les devants en taillant dans ses coûts. Ainsi, 1.200 emplois ont été supprimés pendant le trimestre, ce qui a ramené les effectifs à 53.400 personnes. Depuis le début de 2001, ce sont 18.600 postes qui ont été supprimés... "Pas optimistes" pour le dernier trimestreParmi les différentes divisions du groupe, celle de banque d'investissement et d'activités pour compte propre sur les marchés a vu son bénéfice avant impôts baisser de 6% à 523 millions de dollars. En revanche, la division clientèle privée a enregistré une hausse de 45% de son bénéfice avant impôts, à 289 millions de dollars. Quant à la branche courtage, son résultat a reculé de 24% à 70 millions de dollars. Si Merrill a donc remarquablement bien limité les dégâts au trimestre écoulé, rien n'est garanti pour l'avenir. Les dirigeants de la firme ont en effet indiqué qu'ils n'étaient "pas optimistes" sur la croissance de leurs activités pour le dernier trimestre de l'année.Sur le New York Stock Exchange, l'action JP Morgan Chase perd 1,61% à mi-séance, à 18,31 dollars. Merrill Lynch progresse pour sa part de 1,31%, à 36,46 dollars.
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