Il s'agissait bien d'un profit warning, et d'un sérieux: en annonçant lundi que ses résultats trimestriels seraient rendus publics ce matin, et non pas dans une semaine, comme initialement prévu, le géant néerlandais de la distribution avait inquiété les marchés, qui redoutaient que cette précipitation soudaine ne soit justifiée par un avertissement sur résultats. Ils avaient raison: Ahold a très fortement revu en baisse, ce matin, ses perspectives de bénéfices pour l'exercice 2002.Le groupe s'attend désormais à un bénéfice par action, hors éléments exceptionnels, amortissement des survaleurs et effets de change, en baisse de 6 à 8% pour cette année. En juillet dernier, Ahold avait déjà revu ses prévisions en baisse, mais il tablait alors sur une hausse du bénéfice, de 5 à 8%. Et avant cette première révision, il escomptait une progression de 15%...Dans la foulée, le groupe, spécialisé dans la distribution alimentaire, a annoncé un bénéfice net de 257,6 millions d'euros pour le troisième trimestre 2002. Un chiffre en retrait de 15,3% par rapport aux 304,2 millions d'euros de la même période de 2001. Sur le trimestre, les ventes se sont élevées à 16,4 milliards d'euros, en augmentation de 5,8%.Le groupe explique cette révision en baisse de ses perspectives par "les difficiles conditions qui prévalent dans la plupart de ses marchés, l'Amérique du sud en particulier", ainsi que par des frais financiers accrus et un taux d'imposition "substantiellement accru". Ahold, qui réalise 60% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis, est également affecté par le ralentissement de l'activité économique dans ce pays. Pour la première fois depuis de nombreuses années, le groupe a annoncé des pertes pour le deuxième trimestre 2002, d'un montant de 197,5 millions d'euros. Décidé à se concentrer sur ses métiers de base, c'est à dire la distribution alimentaire, le groupe a annoncé ce matin vouloir se défaire de "tous ses actifs n'en faisant pas partie". Quant aux opérations qui appartiennent bien au coeur de métier d'Ahold, mais qui ne sont pas suffisamment rentables, elles seront soumises à des examens rigoureux "dans le but d'accroître significativement leurs résultats ou d'envisager leur cession".Ahold ne va en revanche pas changer de patron. Contrairement aux rumeurs qui courraient ces derniers jours, le directeur général Cees van der Hoeven a annoncé mardi matin que le conseil de surveillance du groupe lui avait demandé de rester à son poste encore 5 à 7 ans. Le 12 novembre dernier, l'agence de notation financière Moody's avait indiqué qu'elle envisageait d'abaisser la note long terme Baa1 d'Ahold, considérant que les mesures financières prises par le groupe risquaient de ne pas être suffisantes pour conserver son actuelle notation, "en raison de l'affaiblissement des fondamentaux économiques sur le marché clé des Etats-Unis" et la concurrence accrue en Amérique du Nord. A la Bourse d'Amsterdam, le titre Ahold, après avoir chuté en cours de séance, limite ses pertes en fin de journée: il clôture à 11,65 euros, en repli de 0,43%. Depuis le début de l'année, il a perdu près de 65% de sa valeur.

latribune.fr

20 Oct 2008, 4:03

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