Altadis, une proie bien attirante pour BAT

L'Espagne est le pays européen où le marché des fusions-acquisitions se révèle plein de promesses cette année. La guerre actuelle que se livrent Acea et Aurea pour le groupe autoroutier Iberpistas, l'offre de rachat faite par Dragados pour le hollandais HBG ainsi que l'OPA de Caprabo sur Enaco et l'offre combinée de Mondi et Saica sur La Rochette sont des exemples qui prouvent la vitalité des entreprises espagnoles en ce début 2002.Cet appétit est en net contraste avec la mollesse des marchés français ou allemands, alors que les prévisions des banquiers sur l'activité des deux pays étaient considérables. Pour les financiers, les idées et la politique du premier ministre espagnol Jose Maria Aznar, un champion du modèle économique libéral, constituent une bouffée d'oxygène par rapport aux attitudes protectionnistes de Herr Schröder et M. Jospin, qui veulent à tout prix garder leurs trésors nationaux comme VW et EDF hors de portée des entreprises étrangères, en particulier anglo-saxonnes.Cependant, l'attitude libérale de l'Espagne risque bien d'être mise à rude épreuve si British American Tobacco (BAT) lance une OPA sur Altadis, comme cela a été largement suggéré dans les milieux de la finance. L'Espagne, qui préside l'UE en ce moment, ne devrait pas opposer d'obstacles à BAT alors qu'elle se fait l'apôtre de la libéralisation du marché européen. Une raison de plus, d'après les observateurs du secteur, de lancer l'OPA sur Altadis. Cette dernière, qui s'est fait battre par Imperial Tobacco dans la bataille pour le contrôle du cigarettier allemand Reemtsma, se retrouve pour le coup vulnérable devant les appétits de ses rivaux beaucoup plus grands. BAT, qui a également dû renoncer à Reemtsma pour des problèmes de concurrence, est resté sur sa faim et a toujours envie de "se payer" un de ses rivaux.C'est dans ce contexte lourd de suspicions que des rumeurs sur une opération possible de BAT sont apparues. L'entreprise britannique devrait utiliser ses actions, dont la cote en Bourse a atteint un niveau exceptionnellement élevé, pour lancer une offre sur Altadis. Des spéculations renforcées par le bruit selon lequel BAT a déjà réfléchi à une offre à 25 euros par action, et a aussi rassemblé le financement nécessaire au lancement de l'OPA.Il est certain qu'un rapprochement entre Altadis, dont le flottant représente 95% du capital, et BAT soulèverait peu de problèmes aussi bien politiques que concurrentiels. Altadis détient respectivement 29,5% et 42,5% des marchés français et espagnols de cigarettes, alors que BAT émarge à 16% et 6%. Bien qu'un rapprochement fasse monter les parts bien au-delà des 40% considérés comme seuil de dominance, les parts de marché combinées retomberaient à environ 16% (France) et 30% (Espagne) si l'on sépare le marché des cigarettes blondes des brunes; et il semble peu probable que les autorités de la concurrence décident de l'effet de substitution possible entre le marché des blondes et brunes. En outre, BAT a une part de marché de 23% en Allemagne (contre 4% pour Altadis) et 20% en Russie. Il semble dès lors que les deux groupes soient fortement complémentaires au niveau géographique et qu'un rapprochement ait une logique industrielle.
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