Les banques d'affaires vont-elles se réveiller ?

Les fusions-acquisitions entre banques d'affaires pourraient reprendre du poil de la bête après plus d'une année d'hibernation: des rumeurs de négociations entre le géant bancaire américain Citigroup et son rival Credit Suisse concernant le rachat de la branche investissement de ce dernier, Credit Suisse First Boston, ont récemment circulé dans les milieux financiers; dans le même temps, Merrill Lynch est également soupçonnée d'envisager un rapprochement avec Deutsche Bank.Alors que la vague de fusions-acquisitions qui a secoué le secteur il y a deux ans déjà était plutôt due à l'expansionnisme agressif des institutions bancaires, les motifs qui pousseraient aujourd'hui les banques à se regrouper seraient davantage liés a des réflexes d'auto-défense: le secteur de la banque d'investissement est miné par une surcapacité chronique et il y a peu de signes qui laissent envisager une amélioration de l'activité.Le rachat de CSFB par Citigroup n'est pas impossible, selon de nombreux observateurs. La banque, spécialisée dans les secteurs technologiques, a été durement touchée par l'effondrement des marchés TMT (technologie, médias et télécommunications). De plus, Citigroup a réussi avec brio a intégrer des rachats récents, comme Schroder Salomon Smith Barney, qui est regardé par ses pairs comme une des plus grandes "success story" de ces dernières années; alors que les efforts faits par CSFB pour intégrer DLJ n'ont pas été franchement fructueux.Les rumeurs sur Merrill ont d'abord été déclenchées par la nomination de Josef Ackermann, prochain patron de Deutsche Bank. Ackermann est soupçonné d'avoir rencontré plusieurs fois David Komansky, son homologue de Merrill Lynch, plus particulièrement à New York. Une source qui affirme être au courant des discussions a même déclaré qu'il y a une grande probabilité qu'une fusion ait lieu vers la fin de l'année. Merrill Lynch et Deutsche Bank n'ont pas voulu commenter l'information. Une fusion entre les deux instituts, qui ont des capitalisations boursières de taille sensiblement égale, commencerait à prendre forme une fois qu'Ackermann assumera effectivement son poste à partir de mai. Cependant, il est possible que des obstacles politiques viennent empêcher la fusion, estime cette source. Une des plus grandes difficultés que les deux entreprises devraient surmonter avant de fusionner tient au management et aux dispositions prévues par la loi allemande sur les modes de direction des sociétés cotées. Et alors que certains analystes financiers pensent qu'Ackermann pourrait essayer de former un petit comité exécutif à côté du comité de surveillance, d'autres estiment que la loi allemande ne permet pas ce genre de management. Et le suisse Ackermann devrait aussi faire face à la résistance de ses propres troupes, d'autant qu'il fait partie du très petit nombre d'étrangers à être devenus patrons d'une grande banque allemande.Un des derniers problèmes que la fusion pourrait soulever est l'intégration de la branche commerciale de Deutsche Bank avec le division banque d'investissement de Merrill Lynch, surtout depuis que le scandale Enron a porté un sérieux coup à la stratégie de la banque globale. La banqueroute d'Enron a amené des banques comme Citigroup et JP Morgan à provisionner de larges sommes et a soulevé la question de savoir si des emprunts avaient été fournis afin de s'assurer un rôle de conseil dans les transactions de fusions-acquisitions. Les analystes se demandent si cette pratique s'avérera gagnante sur le long terme. D'autant plus que Deutsche Bank est adepte de cette technique, qui lui a permis de gagner des parts de marchés, alors que Merrill Lynch privilégie la profitabilité. Les deux banques doivent dès lors démontrer qu'elles peuvent surmonter ces différences apparentes de gestion.
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