Des banquiers bien discrets

Dans le monde de la finance circule un bon mot : "quand tu vois un banquier suisse se jeter par la fenêtre, suis-le, il y a sûrement de l'argent à se faire." Les banquiers français peuvent le méditer à l'heure où de très grandes valeurs du CAC 40, les Vivendi (Universal et Environnement), France Télécom et Alcatel, sont "à la cave", à des cours qui ont de quoi donner des frayeurs à leurs créanciers. Créancières, les banques le sont évidemment, mais elles ne sont pas que cela: elles sont aussi conseils de ces grandes entreprises, arrangeurs d'opérations complexes, quand elles n'en sont pas directement ou indirectement actionnaires.Le silence des établissements financiers sur la Bérézina vécue par ces grandes valeurs françaises a de quoi inquiéter. Un tel mutisme ne dit généralement rien qui vaille. Tous les banquiers doivent être actuellement à leur bureau, calculette en main, en train de compter et recompter ce qu'on leur doit, ce qu'ils risquent de perdre et de vérifier s'ils ont bien géré ces risques. Un sujet sensible après l'affaire Enron.Les sorties sur le sujet de Vivendi Universal de Marc Viénot, l'ex-patron de la Société Générale et homme lige de Paris Europlace, qui ont contribué à mettre de l'huile sur le feu, sont-elles revenues pour les banquiers à se tirer une balle dans le pied ?Certes, pour l'heure, aucune faillite n'est en vue. Ces grandes sociétés ne sont officiellement pas en cessation de paiement, et sont même encore parfois des machines à dégager du cash-flow. Encore faut-il que la charge de la dette n'annihile pas les bons fondamentaux d'exploitation. Ces ratios financiers de base, les banquiers sont les premiers, normalement, à les maîtriser. Même si l'on dit parfois que ce sont les cordonniers qui sont les plus mal chaussés. Mais vient toujours, pour un banquier, le moment où il doit se demander s'il arrête la partie. Cette heure n'est peut-être plus si loin pour Vivendi Universal et France Télécom. Et les créanciers ne peuvent guère se consoler en voyant la dégradation des notes de ces sociétés par les agences de rating. Certes, cela renchérit le coût des crédits et fait donc augmenter les intérêts encaissés par les banques. Mais cela accroît aussi considérablement le risque de ces prêts.
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