Le Lyonnais demande à BNP Paribas de clarifier ses intentions

Le conseil du Lyonnais, réuni jeudi matin, avait du pain sur la planche. Il lui fallait en particulier se pencher sur les développements récents de la bataille engagée pour le contrôle de son capital, avec la montée en puissance extrêmement rapide de BNP Paribas.A cet égard, les administrateurs ont souhaité que BNP Paribas se montre plus clair dans ses intentions, rapporte Reuters, qui s'appuie sur des sources proches du conseil. Ils ont estimé que les explications données par Michel Pébereau "n'étaient pas suffisantes".Le Crédit Lyonnais s'est abstenu de tout commentaire officiel, mais on devrait en savoir un peu plus après la clôture de Paris, lorsque la Banque au lion publiera un communiqué sur la réunion de ce matin.Les membres du GAP veulent rester prioritairesPar ailleurs, les membres du groupe d'actionnaires partenaires (GAP) auraient manifesté leur souhait de rester prioritaires pour la conclusion de partenariats. "Tous, sauf Axa, ont rappelé qu'ils avaient payé le prix pour être là, qu'ils avaient des devoirs mais aussi des avantages et qu'ils ne renonceraient pas à leurs avantages, à savoir qu'ils entendaient conserver la priorité pour les partenariats", a-t-on indiqué à l'agence de presse. En particulier, le Crédit Agricole aurait rappelé qu'il était toujours intéressé par une alliance avec le Lyonnais.La Banque verte, dont le président René Carron a été coopté comme administrateur du Lyonnais en remplacement de Marc Bué, ne s'avoue donc toujours pas vaincue, même si BNP Paribas fait figure de favori et multiplie les appels du pied au Lyonnais.Dernier élément en date dans cette affaire: le communiqué publié mercredi soir par l'établissement de Michel Pébereau, vantant les "opportunités de coopérations industrielles majeures" qui existent entre les deux établissements.Depuis le déclenchement de son offensive en deux étapes - achat des 10,9% du capital du Lyonnais détenus par l'Etat, puis ramassage de 5,3% sur le marché - BNP Paribas affirme haut et fort être à la recherche de coopérations avec l'établissement de Jean Peyrelevade. Présenter son irruption dans le capital, pourtant non sollicitée c'est le moins que l'on puisse dire, comme étant amicale ne relève pas seulement de la stratégie de communication ou de pression psychologique: il s'agit également de se prémunir contre une nouvelle application éventuelle de la "jurisprudence Trichet" dont la BNP a déjà été victime une fois. Lors de la bataille pour le contrôle de la Société Générale, la BNP avait été contrainte par le Comité des établissements de crédit à se défaire de ses 32% de droits de vote, le Comité ayant estimé "qu'aucune solution industrielle claire et concertée" n'avait été présentée par la BNP. Une décision qui a créé un précédent qui n'a certes rien d'automatique, mais qui constitue une menace certaine sur un raid hostile dans le secteur bancaire.BNP Paribas se dit socialement responsableEn tout état de cause, BNP Paribas argumente aujourd'hui sur les coopérations qui "pourraient considérablement améliorer les performances des deux entreprises dans l'ensemble de leurs activités, dans l'intérêt de leurs actionnaires et de leurs salariés". Le communiqué, s'il n'entre pas dans les détails, donne malgré tout quelques indications sur les pistes de réflexion engagées par la banque: maintien des enseignes et des réseaux, coopérations axées sur les processus de production.BNP Paribas insiste ainsi fortement sur "le développement des deux marques, avec deux réseaux d'agences distincts". Pas question, souligne-t-elle, de supprimer l'une des deux enseignes: les clients sont attachés à leur banque, et ce serait "aussi destructeur de valeur que dommageable socialement".A l'inverse, l'établissement de Michel Pébereau souhaite la mise en place de "coopérations industrielles permettant d'améliorer l'efficacité des processus de production". Autrement dit, les deux réseaux coexistants - et donc toujours concurrents - pourraient s'appuyer sur des services logistiques, des centres de gestion administrative, des services de conservation de titres communs. Autant de domaines où des gains de productivité importants pourraient être dégagés.Globalement, BNP Paribas affirme vouloir agir "comme il l'a toujours fait depuis sa privatisation, c'est-à-dire comme une entreprise socialement responsable, recherchant par la concertation un juste équilibre entre les intérêts des actionnaires, des clients et des salariés". La banque lance enfin quelques messages aux parties concernées par l'affaire. En affirmant que les coopérations à étudier doivent respecter "les partenariats existants", elle veut peut-être signifier à AGF-Allianz que ses accords commerciaux avec le Crédit Lyonnais ne sont pas menacés. Et en exprimant le souhait que le conseil d'administration du Lyonnais "ouvre le dialogue sur cette proposition, comme il l'a fait avec d'autres actionnaires", et cela "dans le cadre du gouvernement d'entreprise", il fait clairement savoir à Jean Peyrelevade que ce dernier n'a pas d'autre choix que de traiter sérieusement les propositions de celui qui est désormais son premier actionnaire.Jeudi à la clôture, l'action du Lyonnais s'effrite, perdant 0,29% à 52,15 euros. Après s'être inscrite en hausse la majeure partie de la séance, celle de BNP Paribas recule de 2,48% en fin de journée, à 37,39 euros. Crédit Agricole SA, à l'inverse, termine en progrès de 1,06%, à 16,19 euros.
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