L'axe et le cercle

Dans les deux pays, ex-alliés des forces de l'Axe il y a soixante ans, on retrouve aujourd'hui le même cercle vicieux dont les protagonistes essaient plus ou moins de sortir : les liens incestueux unissant les grandes entreprises et les établissements financiers. A Berlin (mais aussi à Munich) comme à Tokyo, les banques ont du mal à rompre avec leurs vieilles et mauvaises habitudes de prêter à tout va à des groupes "amis" même lorsque ces derniers sont au bord du dépôt de bilan. D'où, au pays du Soleil Levant, l'accumulation monstrueuse des créances douteuses. En Allemagne, le phénomène se manifeste plutôt par des faillites retentissantes - de Kirch à Holzmann - qui laissent les banques créancières collées pour avoir trop tardé à se retirer. Dans les deux cas, la solution peut paraître aussi douloureuse que le mal. Elle consiste en effet à fermer le robinet des crédits. Au risque de transformer les créances douteuses antérieures accumulées sur la société en une perte pure et simple du fait de l'éventuel dépôt de bilan de l'entreprise. Mais au moins arrête-t-on la course folle d'une boule de neige de plus en plus grosse.L'Allemagne semble s'être résolue à sortir du cercle vicieux. Mais dans le désordre. La Deutsche Bank, qui voulait laisser tomber Kirch, a tenté de s'accrocher au sauvetage d'Holzmann. Certaines de ses rivales ont fait l'inverse. Les vieilles habitudes ont la vie dure.Au Japon, malgré les beaux discours, y compris du Premier ministre, et quelques retentissantes faillites du fait de l'arrêt des soutiens bancaires, ces pratiques de soutien financier irraisonné demeurent. D'où, malgré les efforts des banques nipponnes pour réduire leur volume de prêts à problème, la croissance continue de leurs créances douteuses.Les plus malins, tant en Allemagne qu'au Japon (où ils sont rares en l'occurrence) sont évidemment les établissements financiers qui réussissent, sans crise et sans bruit, à réduire progressivement leur exposition sur les sociétés fragiles. En laissant leurs confrères les moins prévoyants exposés au risque de faillite. Cette activité de perception du risque et de prise des décisions en conséquence n'est rien d'autre que l'alpha et l'oméga du métier de banquier. Mais pas comme certains l'ont pratiqué en Allemagne et au Japon ces dernières années.
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