Le PDG de la Société Générale en garde à vue

L'étau se resserre autour de la Société Générale dans la vaste affaire de blanchiment entre la France et Israël. M. Bouton, ainsi que le directeur général délégué et le directeur général adjoint de la banque, également placés en garde à vue lundi, devraient être présentés dans la soirée à la juge d'instruction Isabelle Prévost-Desprez.Six cadres de la banque ont d'ores et déjà été mis en examen, dont le responsable de la lutte anti-blanchiment, le chef du service central de traitement et de compensation des chèques, ainsi que le patron des opérations internationales de la banque. Les investigations dont la Société Générale fait l'objet, s'inscrivent dans le cadre d'une instruction qui a été ouverte en 1998. Un an plus tôt, en enquêtant sur l'escroquerie au préjudice des banques dans laquelle était impliqués 124 commerçants du quartier du Sentier à Paris, la brigade financière avait découvert un vaste circuit de blanchiment d'argent passant par Israël. Des chèques émis en France ont été négociés dans des bureaux de change contre des paiements en espèces après avoir été endossés. Ensuite ces chèques ont été présentés à la compensation par les établissements bancaires israéliens aux banques françaises « correspondantes ».Plusieurs banques françaises, dont les plus importantes, seraient concernées par ces opérations. En septembre 2000, on estimait de source judiciaire que 18 établissements pourraient être inquiétés par la justice en raison de la nouvelle loi de 1996 qui a étendu le champ du délit de blanchiment. Des dirigeants de banques tels que François-Xavier de Fournasse (Bred, groupe Banques Populaires), Pierre Habib-Deloncle (SMC), ainsi que le directeur général de la Barclays et un responsable de la Banque Leumi, ont déjà été mis en examen pour blanchiment aggravé. Mais des établissements ont été aussi mis en examen pour en tant que personne morale : Bred, SMC, American Express Bank France. A ce jour, 90 personnes ont été mises en examen dans ce dossier, mais il ne figure pas que des banquiers dans cette liste.Le dernier épisode de l'instruction a fait l'effet d'une onde de choc dans la communauté bancaire qui craint de voir un bon nombre de présidents mis en examen les uns après les autres. La Société Générale indiquait la semaine dernière qu'elle a toujours rigoureusement respecté ses obligations légales et mis en place le dispositif nécessaire pour prévenir l'utilisation à des fins de blanchiment des circuits d'encaissement de chèques. De son côté, le président du Crédit Lyonnais, Jean Peyrelevade, souligne que la mise en cause de la Société Générale pose surtout la question de la sécurité juridique des opérations d'encaissement de chèques remis aux banques françaises par des banques étrangères. Le système de banque correspondante qui, moyennant une commission, permet à des établissements bancaires étrangers de réaliser des paiements transfrontières, est évidemment pointé du doigt dans cette affaire. La Fédération bancaire française (FBF) a écrit au gouverneur de la Banque de France, afin de lui demander que la Commission bancaire précise quelles sont les obligations « qui s'imposent aux banques correspondantes françaises, au titre de leur devoir de vigilance en matière de lutte contre le blanchiment. »latribune.f
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