Philips réduit ses pertes mais n'en a pas fini avec la crise

Philips a redressé sa situation au troisième trimestre, en réduisant de plus de moitié sa perte nette sur un an, et prévoit toujours de dégager un bénéfice hors éléments exceptionnels pour l'ensemble de l'année. Un pronostic légèrement plus prudent qu'auparavant, puisque le géant néerlandais de l'électronique tablait jusqu'à présent sur un résultat net annuel positif après prise en compte des charges de restructuration. Selon les chiffres publiés ce matin, le groupe, dont les activités vont des semi-conducteurs à l'électronique grand public, a enregistré au troisième trimestre une perte nette de 330 millions d'euros, contre 736 millions sur la même période l'an dernier. Ce résultat est très fortement marqué par la dépréciation de la participation de 3,52% détenue par Philips au capital de Vivendi Universal : à elle seule, elle a contraint le groupe à inscrire dans ses comptes une charge exceptionnelle de 339 millions d'euros. Au deuxième trimestre, déjà, Philips avait provisionné, à ce titre, 1,561 milliard. Les titres Vivendi avaient été achetés 2,353 milliards d'euros. Hors éléments exceptionnels, la perte nette ne s'élève plus qu'à 34 millions d'euros. En termes d'activité, le groupe a enregistré une légère progression, de 2%, de son chiffre d'affaires, à 7,313 milliards d'euros, contre 7,187 milliards un an plus tôt. Philips souligne que la progression a été particulièrement marquée dans les semi-conducteurs (+7%), les composants (+12%) et les systèmes médicaux (+34%). En revanche, l'activité a reculé dans l'éclairage (-3%) et surtout dans l'électronique grand public (-16%), principale division du groupe avec 30% des ventes."Malgré les circonstances très difficiles du marché, nous nous attendons à réaliser un résultat d'exploitation positif et un bénéfice net en 2002, hors éléments exceptionnels", indique le PDG du groupe, Gerard Kleisterlee, dans un communiqué. L'an dernier, le groupe d'électronique a affiché une perte record de 2,6 milliards d'euros, en raison notamment de la crise du marché des semi-conducteurs.Encore des restructurationsMême si Philips met aujourd'hui en avant l'amélioration des performances sous-jacentes de ses activités, grâce aux efforts de réduction de coûts et "à une meilleure efficacité opérationnelle", bon nombre d'éléments restent préoccupants, reflétant la fragilité de certains des grands marchés du groupe. Philips reconnait d'ailleurs qu'il ne voit "pas beaucoup d'amélioration de la conjoncture économique dans le futur proche".Les restructurations restent donc à l'ordre du jour, comme l'avait prouvé la semaine dernière l'annonce de la prochaine fermeture de la division Composants, dont certaines activités seront reprises par d'autres divisions tandis que plusieurs d'entre elles seront purement et simplement arrêtées. Cette réorganisation se traduira à elle seule par une charge exceptionnelle de 175 millions d'euros au quatrième trimestre. S'y ajouteront 200 à 225 millions de charges au titre des réductions de capacité dans les semi-conducteurs.Car cette dernière activité reste un foyer de pertes, avec un résultat opérationnel négatif de 58 millions d'euros sur le trimestre. Et Philips est forcé de reconnaitre qu'elle restera dans le rouge sur les trois derniers mois de l'année. Les ventes de la division ont en outre reculé de 12% par rapport au deuxième trimestre et le "book to bill ratio", qui compare les commandes aux livraisons, est tombé à 0,74 contre 1 au deuxième trimestre, reflétant les risques élevés d'un nouveau ralentissement de l'activité.Après Vivendi, Atos OriginAutre chapitre loin d'être refermé, celui des dépréciations d'actifs. Après Vivendi Universal, la prochaine participation sur la liste sera sans doute Atos Origin, dont le groupe, avec 48,6%, est le premier actionnaire. A la fin du troisième trimestre, la valeur de marché de cette ligne dans le portefeuille de Philips était inférieure de 800 millions d'euros à sa valeur comptable ! Et Jan Hommen, le directeur financier du groupe, reconnait que vendre au cours actuel "n'aurait guère de sens".Au total, sur les neuf premiers mois de l'année, la perte nette de Philips s'élève à 1,676 milliard contre 1,413 milliard à la même époque de l'année précédente. Hors charges exceptionnelles, le groupe a cependant dégagé un bénéfice de 127 millions de janvier à septembre 2002. Si la rigueur reste à l'ordre du jour - les investissements ne dépasseront pas le milliard d'euros cette année - Philips n'en démord pourtant pas : les objectifs de croissance à long terme restent valides. Jan Hommen juge toujours possible d'atteindre une croissance annuelle des ventes de 10 à 15% dans un délai de trois à cinq ans, et d'améliorer le résultat opérationnel de 10% chaque année.A la Bourse d'Amsterdam, le titre Philips a profité de ces résultats, gagnant 14,6% en clôture, à 17,19 euros.
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