Vivendi retrouve des couleurs

Par latribune.fr  |   |  687  mots
Non seulement Vivendi dispose depuis mercredi soir d'un nouveau patron, en la personne de Jean-René Fourtou, pour remplacer Jean-Marie Messier. Mais en plus, le groupe de médias voit arriver à des rôles clés du nouveau conseil d'administration deux poids lourds du monde des affaires français: Claude Bébéar, ex-patron d'Axa, à la tête du comité financier, et Henri Lachmann, PDG de Schneider, à la tête du comité stratégique. C'est donc un trio de choc, incarnant l'establishment français des affaires, qui va désormais piloter le redressement du géant en difficultés.Le vice-président du conseil de surveillance du groupe pharmaceutique Aventis a donc été nommé, comme prévu, à la présidence de Vivendi Universal, lors du conseil d'administration extraordinaire qui s'est déroulé hier soir, et qui a officialisé le départ de Jean-Marie Messier. Le conseil a vu arriver deux nouveaux membres: Claude Bébéar et Gérard Kleisterlee, PDG de Philips, second actionnaire de VU à hauteur de 3,51 % derrière la famille Bronfman. En revanche, la milliardaire espagnole Esther Koplowitz va quitter le conseil.Après les deux séances de chute de 25% puis 21%, mardi et mercredi, de l'action Vivendi, à 13,9 euros, la mission prioritaire du nouveau président sera de rassurer les marchés. Il sera donc épaulé dans cette tâche par deux nouveaux comités, l'un financier, dirigé par Claude Bébéar, et l'autre stratégique, piloté par Henri Lachmann. VU va "donner la priorité à la transparence financière et à la résolution des problèmes de trésorerie à court terme", a indiqué le groupe dans son communiqué publié après le conseil. C'est la première fois que Vivendi reconnait ainsi l'existence de "problèmes de trésorerie", dont il s'efforçait au contraire jusqu'ici de nier la réalité. Intervenant à la sortie du conseil, le nouveau PDG, Jean-René Fourtou, a renchéri: "Il ne faut pas se cacher que la situation est tendue sur le plan de la trésorerie", a-t-il déclaré, tout en affirmant voir déjà "les possibilités de régler le fond du problème". Sans doute Jean-René Fourtou a-t-il reçu des assurances sur un soutien rapide des banques avant d'accepter ce poste. Tout en parant au plus pressé, il a promis "un premier diagnostic financier et stratégique dans un délai de trois mois". A cette fin, outre les deux nouveaux comités du conseil d'administration, qui s'ajoutent au comité de gouvernement d'entreprise créé fin mai, VU va mettre sur pied deux groupes de travail "composés de personnes internes et externes" à l'entreprise. Leur rôle sera de "préparer le travail et les décisions du conseil d'administration", a expliqué Jean-René Fourtou dans une déclaration écrite. Un audit est d'ores et déjà en cours, pour évaluer les actifs de VU ayant déjà subi une dépréciation de plus de 15 milliards d'euros lors de l'arrêté des comptes de 2001. Il a été confié à Ernst & Young, qui s'est allié en France avec Andersen, l'un des deux commissaires aux comptes de VU. Le rapport attendu sous peu devrait, selon les informations de La Tribune, donner une fourchette d'évaluation des actifs pour chaque secteur du groupe. Le sujet est si sensible qu'une expertise indépendante est également en cours pour valider les travaux d'Ernst & Young. La publication des comptes semestriels clos au 30 juin aura à cet égard valeur de test de la "transparence" annoncée hier.Les rapports d'audit seront aussi indispensables pour définir une orientation stratégique, qu'attendent, très vite, investisseurs, actionnaires et salariés. Pour les analystes et la presse américaine, le démantèlement du groupe et la cession de ses actifs dans le cinéma, la télévision, et la musique outre-Atlantique vont de soi. Mais côté français, le renoncement à une stratégie qui faisait d'un groupe français un champion mondial de la communication ne se fera pas sans étude préalable de scénarios intermédiaires de restructuration. Vendredi, l'action poursuit son rebond en terminant en hausse de 15,95% à 17,01 euros.