Hier solides piliers du modèle économique rhénan, la Deutsche Bank et ses homologues Dresdner, Commerzbank et HypoVereinsbank (entre autres) sont aujourd'hui dans une situation délicate. Leurs résultats 2002 seront dans le meilleur des cas médiocres, et le plus souvent calamiteux. La conjoncture est-elle seule à blâmer ? En fait, outre-Rhin, le mal est à la fois plus ancien et plus profond. Il se pose tout d'abord en termes de stratégie. Très proches des entreprises, dont elles sont souvent les principaux actionnaires, les banques allemandes n'ont pas su anticiper le développement de certains marchés à l'image, par exemple, du crédit à la consommation, très rémunérateur. Il se pose aussi en termes d'organisation du marché. Atomisé entre banques commerciales privées, Landesbank et Caisses d'épargne, le marché des services bancaires a empêché nombre d'acteurs d'atteindre une taille critique suffisante. L'émergence de quelques géants a trop longtemps masqué l'existence d'une multitude d'établissements de taille trop modeste pour résister aux vents contraires. Enfin, les banques allemandes restent confrontées à l'insuffisance chronique de leur rentabilité structurelle. Leur rentabilité sur fonds propres reste très éloignée des standards internationaux. En haut de cycle, passe encore. En période de basses eaux, cette faiblesse ne pardonne pas et se trouve sanctionnée en Bourse où la capitalisation des banques allemandes ne décolle pas.Faire le dos rond en attendant des jours meilleurs, notamment en réduisant leurs risques et du même coup leur offre de crédit, ne saurait être pour elles une solution. L'heure des réformes a sonné. Ce sera peut être l'occasion pour l'Allemagne de se différencier du Japon qui n'a toujours pas trouvé la solution à sa crise financière.

latribune.fr

20 Oct 2008, 4:02

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