Des hommes en or

Goldman Sachs a pris les observateurs à contre-pied. Malgré des résultats en fort recul en ce début 2002, la grande banque d'affaires américaine n'a pas annoncé la charrette prévue. Elle dit même ne vouloir réduire ses effectifs que "modestement". En cela, la célèbre maison de courtage reste fidèle à son habitude qui est de privilégier la matière grise, après tout véritable moteur des activités financières. Ses grands concurrents comme Merrill Lynch ou Credit Suisse First Boston ne font pas de même, en multipliant les réductions d'emplois.Pas étonnant dès lors que Goldman se fasse montrer du doigt pour une structure de coûts trop chargée. Certes, la banque d'affaire aura beau jeu de rétorquer que tel est le prix de son leadership, notamment en matière de fusions-acquisitions sur toute la planète. Même si ce marché a eu tendance à fondre comme neige au soleil ces derniers mois.La position de Goldman Sachs de privilégier le maintien de la matière grise sur la réduction des coûts était sans doute plus facile à défendre quand la société n'existait que sous forme d'un partnership. Le fait qu'elle soit désormais cotée en Bourse fragilise cette stratégie, dès lors qu'elle doit aussi rémunérer des actionnaires moins portés à la patience que les "partners".L'histoire des sociétés américaines fourmille toutefois d'exemples de groupes ayant procédé à de massives suppressions d'emplois... avant de s'en mordre les doigts, constatant qu'ils avaient laissé partir de précieux experts, fort utiles pour relancer l'activité. Cette vérité s'impose pour les sociétés de services, basées avant tout sur la valeur de leurs équipes. Mais même dans l'industrie, de tels cas se sont présentés. Le fait que Boeing se soit fait rattraper ces dernières années par Airbus ne serait pas étranger par exemple aux volte-face sociales du grand avionneur de Seattle, qui a alterné charrettes et embauches massives, à l'inverse de son rival européen, basé à Toulouse.La Bourse sanctionnera peut-être Goldman Sachs pour avoir décidé de privilégier son capital humain. Avant peut-être de réaliser qu'une telle attitude est loin d'être forcément contre-performante à moyen terme. Lorsque l'on s'appelle Goldman, on ne peut oublier que dans ce métier du courtage qui s'appuie avant tout sur la qualité des salariés, les hommes valent de l'or.
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