Ca y est, le Crédit Agricole s'est enfin lancé. Après avoir raté l'occasion de mettre la main sur la participation de l'Etat au capital du Crédit Lyonnais, le groupe mutualiste s'est décidé à lancer une offre publique pour contrer BNP Paribas, plus prompte à sortir du bois. Généreuse, l'offre du Crédit Agricole valorise l'établissement dirigé par Jean Peyrelevade à près de 20 milliards d'euros. En toute logique, même si les caisses régionales sont appelées à casser leur tirelire, une partie du prix sera payée en titres Crédit Agricole SA (CASA), la structure de la Banque verte cotée depuis tout juste un an. La mise sur le marché s'était à l'époque réalisée au prix de 16,60 euros. Mardi, au lendemain de l'officialisation du mariage entre le Crédit Agricole et le Crédit Lyonnais, le titre se négociait à un peu plus de 15 euros. En ces temps de déprime boursière, Jean Laurent et ses équipes n'ont pas à rougir de leur performance. Mais il est désormais primordial que ce cours se maintienne. S'il devait décrocher, c'est en effet tout l'équilibre du montage financier de l'opération, officiellement ouverte à la mi-janvier, qui pourrait être remis en cause. Or, les parités, compte tenu de l'envolée du titre Crédit Lyonnais depuis le désengagement de l'Etat, ont déjà atteint leurs limites. Si le titre CASA devait décrocher, il y a fort à parier que BNP Paribas et son président, Michel Pébereau, ne laisseraient pas s'envoler si belle occasion. Les dirigeants du Crédit Agricole en sont les premiers conscients. Dès le week-end dernier, ils ont sensibilisé les responsables de leur vaste réseau. Non seulement les actionnaires salariés sont appelés à respecter le patriotisme d'entreprise et donc à garder leurs actions, mais dans les agences, on est également prié de convaincre les clients tentés de vendre de revenir sur leur décision. Pour le Crédit Agricole, soutenir son offre c'est aussi et surtout tenir son titre.

latribune.fr

20 Oct 2008, 4:04

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