Les conséquences du scandale Enron pour les fusions-acquisitions

Il n'y a pas que les cabinets d'audit à se remettre en cause après la faillite d'Enron. De nombreux banquiers d'affaires ont commencé à s'arracher les cheveux à cause du scandale. Déjà, la récession économique de 2001 avait fortement impacté l'activité des fusions-acquisitions, tombée à un niveau très bas. Mais d'après eux, l'affaire Enron aura comme conséquence presque certaine de repousser la reprise tant espérée.Piers de Montfort, responsable de la branche banque d'affaires chez Morgan Stanley Royaume-Uni, est un de ces "dealmakers" qui pensent que le scandale aura des conséquences lourdes sur le secteur: l'affaire Enron a augmenté les incertitudes qui pèsent sur la communauté des affaires et souligné l'importance du processus d'audit dans les futures opérations, "une chose qui ne devrait pas vraiment stimuler la reprise de l'activité", affirme-t-il.Une des peurs que les professionnels du secteur ont remarquées lors du Forum économique mondial à New York est que les investisseurs vont être de plus en plus sceptiques quant aux motifs avancés pour effectuer un rachat ou une fusion; car il en est pour estimer que certaines transactions ont été réalisées dans le seul but de cacher des problèmes dans les comptes de l'entreprise...Les pessimistes mentionnent également les récentes chutes en Bourse de sociétés telles que Tyco ou Vivendi Universal - sociétés qui se sont lancées dans des acquisitions à tout va dans les années 90 - comme un signe que les marchés ne sont plus attirés par les fusions-acquisitions.La baisse des Bourses mondiales ne signifie pas toutefois la fin des fusions-acquisitions, au contraire: les entreprises encore en forme (dont les cours ne baissent pas) ont ainsi plus d'opportunités, surtout vis-à-vis de celles qui subissent de plein fouet le ralentissement et voient leurs actions chuter. Nigel Higgins, en charge de l'investment banking chez Rothschild, doute lui aussi des effets du scandale Enron sur le secteur: "Enron a rappelé aux gens les principes de base de la finance. Les opérations d'investissement ne devraient pas être plus dures que par le passé; les entreprises seront juste plus regardantes sur ce qu'elles achètent".Les paroles d'Higgins doivent résonner particulièrement vrai aux oreilles de cette entreprise pharmaceutique qui, selon un rapport paru dans la presse, a récemment décidé de ne pas aller de l'avant avec une acquisition de plus de 10 milliards de dollars à cause des pratiques financières douteuses de la cible...
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