Une grande oreille spatiale à l'écoute de la planète

Observer la couleur de la mer pour que l'Europe puisse pleinement faire entendre sa voix dans les grandes négociations environnementales à venir : climat, couche d'ozone ou lutte contre la pollution. Loin d'être un détail futile, les teintes bleues-vertes de l'océan révèlent la concentration du milieu en plancton, et, par là, donnent de précieuses indications sur la pollution ambiante. Dans quelques semaines, les scientifiques de l'Union européenne disposeront de ces images océanes si utiles pour la compréhension du climat et du cycle du carbone. Cela grâce au satellite Envisat, qui sera propulsé dans l'espace le 1er mars par la fusée Ariane 5. Cet engin unique en son genre observera la terre à 800 kilomètres d'altitude au-dessus des pôles, cinq ans durant. Il sera capable, grâce à ses 10 instruments hypersophistiqués embarqués (radars, altimètres, spectromètres, outils d'analyse des gaz à effet de serre), de produire en temps quasi réel une somme considérable de données environnementales : couleur, hauteur et température des océans et des calottes glaciaires, analyse de l'atmosphère et notamment de sa teneur en carbone, repérage des mouvements volcaniques... En somme, un véritable laboratoire spatial qui transmettra ses données, via des stations d'écoute, à un centre dédié à Rome.Le projet Envisat n'a pas été sans susciter les critiques. Gigantisme, a-t-on lancé. Et de fait, les dimensions mêmes de la "bête" provoquent l'étonnement : 8,5 tonnes, 10 mètres de long, un panneau solaire de 25 mètres qui l'alimentera en énergie. Or, la doctrine spatiale actuelle favorise plutôt les micro-satellites (seulement 500 kilos ! ) dédiés à une mission précise. Comme CryoSat, satellite radar d'étude des calottes glaciaires et de la banquise, dont la construction vient d'être confiée à la société Astrium par l'Agence spatiale européenne pour un montant de 70 millions d'euros. Par comparaison, Envisat a coûté 2,3 milliards d'euros... Il n'empêche. Même si elle l'a cher payé, l'Europe dispose aujourd'hui d'un instrument de pointe capable de lui donner l'avantage dans nombre de négociations internationales concernant l'environnement, où l'information scientifique est véritablement le nerf de la guerre. L'affrontement USA-Europe autour de la suite qu'il convient à donner au protocole de Kyoto contre le réchauffement du climat en donne une bonne illustration. L'un des principaux points de la polémique réside dans le fait qu'il est actuellement impossible de savoir si les océans et les forêts sont réellement capables de "piéger" le gaz carbonique (responsable des désordres du climat) et dans quelle mesure. Envisat aura à son bord un instrument capable de répondre à cette question très politique.Retrouvez l'actualité technologique dans "La Tribune de l'innovation", édition papier.
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