EMI va supprimer 1.800 emplois

Alain Lévy a-t-il chargé la barque ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais le Français, nouvel homme fort d'EMI depuis six mois, ne pourra certainement pas être accusé d'avoir sous-estimé les problèmes dont souffre le "cinquième grand" du marché mondial du disque (après Warner Music, Universal, Sony et BMG). Nommé en septembre par Eric Nicoli, l'homme qui avait fait la réussite de Polygram a décidé de trancher dans le vif. EMI Recorded Music, la division qui gère les activités de distribution et génère 85% du chiffre d'affaires du groupe, va ainsi supprimer 1.800 emplois (soit près de 20% de ses effectifs), dans le cadre d'un plan de réduction des coûts visant à économiser 98,5 millions de livres (160 millions d'euros) en rythme annuel. L'objectif d'Alain Lévy est de relever les marges d'exploitation de l'activité entre 11 et 13% d'ici trois ans. Mais aussi de redresser les activités de fabrication et de distribution avant de les céder. EMI est dores et déjà prêt à étudier toute offre de reprise de filiale de distribution HMV. "Nous restructurons EMI Recorded Music pour l'avenir et nous le mettons en position d'accroître son chiffre d'affaires sur une base de coûts nettement plus faible et avec des méthodes améliorées", explique Alain Lévy, ajoutant que "l'industrie de la musique fait face actuellement à des défis réels". Il table en effet sur une progression des ventes limitée entre 0 et 3% cette année et entre 3 et 5% en 2003 et 2004. Le coût de ces mesures est estimé à 110 millions de livres mais EMI devra aussi inscrire dans ses comptes cette année une charge exceptionnelle de 130 millions de livres, qui couvre à la fois des dépréciations d'actifs, les pertes liées à certaines activités structurellement déficitaires... et le coût de la rupture du maxi-contrat avec Mariah Carey : le groupe a versé en début d'année 28 millions de dollars à la chanteuse pop américaine pour se libérer de ses engagements envers elle, après l'échec de son dernier album, Glitter, sorti le 11 septembre. Pour financer son plan de redressement, EMI a négocié avec ses banques de nouvelles facilités de crédit portant sur 1,3 milliard de livres. Le nouveau directeur financier, Roger Faxon, a précisé aux analystes que la dette du groupe devrait atteindre 1,1 à 1,2 milliard de livres en fin d'année. Sur les 98,5 millions de livres d'économies prévues, EMI Recorded Music entend en réaliser 13 millions d'ici la fin du mois, 76 millions au cours du prochain exercice (mars 2002 à mars 2003) et le reste avant mars 2004. Les 1.800 suppressions de postes annoncées devraient être réalisées avant la fin septembre. En outre, le groupe a d'ores et déjà annoncé la division par deux de son dividende, à 8 pence. A la Bourse de Londres, l'action EMI gagnait 2,74% à 355,5 pence en fin de séance, après avoir passé les premières heures de la journée dans le rouge, les investisseurs réagissant négativement à l'annonce de la baisse du dividende.
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