Vivendi Universal poursuit son désendettement

Vivendi Universal a annoncé ce matin le placement sur le marché de 55 millions d'actions d'autocontrôle pour un total d'au moins 3,3 milliards d'euros. Dans un communiqué, le groupe précise avoir mandaté Deutsche Bank et Goldman Sachs pour ce placement qui s'effectue sous la forme d'une prise ferme dans une fourchette de prix comprise entre 60 et 61 euros (le prix définitif doit être connu dans la soirée)."Ce prix est supérieur de 3 à 4 euros au prix de revient des 65 millions de titres achetés sur le marché en 2001 (dont 35 millions achetés après le 11 septembre à un prix de revient de 48 euros)", souligne Vivendi.L'autocontrôle de Vivendi Universal après cette cession et compte tenu des 37 millions de titres qui seront échangés avec Liberty Media dans le cadre du récent accord avec USA Networks s'établit désormais entre 1,5% et 2,5% et "est dans sa quasi-totalité affecté à des plans de stock-options, afin d'en éviter les effets dilutifs", ajoute le groupe. "Il restera à ce niveau en 2002, le groupe ne prévoyant pas de rachats significatifs sur l'année", prévient Vivendi. Vivendi explique avoir voulu supprimer par cette opération le risque lié à un afflux massif de titres sur le marché (overhang). Mais le désendettement est aussi au coeur des préoccupations de la société. Le produit de la vente sera pour l'essentiel affecté à la réduction de la dette du groupe qui "atteint ainsi dès le tout début d'année l'objectif qu'il s'était fixé pour 2002 de limiter à sensiblement moins de 3 son ratio dette/EBITDA, à un niveau compatible avec une notation BBB 'confortable' par les agences de rating", poursuit le communiqué. Notation qu'a confirmé en fin de séance Standard and Poor's. Jean-Marie Messier s'était en effet engagé à la fin de l'année dernière à ramener sa dette avant la fin du premier semestre 2002 à un niveau « largement inférieur » à trois fois son Ebitda (attendu à 6,6 milliards d'euros, y compris la contribution de 600 millions d'USA Networks), soit moins de 20 milliards d'euros. Depuis plusieurs mois, l'endettement de Vivendi Universal préoccupe les analystes et les agences de notation, notamment après la série d'importantes acquisitions réalisées en 2001 par le groupe. Vivendi Universal a dépensé environ 14 milliards de dollars pour le contrôle des activités "entertainment" d'USA Networks, l'acquisition de 10% d'EchoStar et le rachat de l'éditeur scolaire Houghton Mifflin. Selon un analyste parisien, les changements de périmètre du groupe (en tenant compte des cessions) au cours de l'an passé auraient accru l'endettement de 8 milliards d'euros.Mais l'opération d'aujourd'hui pourrait contribuer à rassurer les professionnels, d'autant qu'elle n'est pas isolée. Depuis le début du mois de décembre, le groupe de Jean-Marie Messier s'est séparé d'une partie de ses titres BskyB pour 1,7 milliard d'euros et de 9,3% de Vivendi Environnement pour 1,2 milliard d'euros. A cela s'ajoute le règlement de 9,07 milliards d'euros effectué avant Noël par Pernod-Ricard et Diageo pour les alcools de Seagram. Ce qui porte à un peu plus de 15 milliards d'euros les encaissements du groupe en un peu plus d'un mois et permet de réduire significativement l'endettement actuel.Le calcul de la dette au jour d'aujourd'hui n'est pas pour autant aisé car la notion de dette diverge entre les professionnels et le groupe (voir ci-contre). Vivendi retraite notamment la dette de l'autocontrôle, une pratique contraire aux normes US Gaap. Du coup, les estimations concernant le niveau d'endettement sont variées. Début décembre, CLSE estimait à quelque 20 milliards d'euros la dette du seul pôle média (excluant les opérations USA Networks et Echostar, finalisées en mars prochain) et pour l'agence de notation Standard & Poor's, elle était de 18 milliards d'euros. Après les nombreuses opérations qui ont eu lieu Aurel-Leven valorise désormais l'endettement du pôle média à 12,7 milliards d'euros. Un chiffre globalement similaire à ce qu'attendent divers analystes pour 2002, à l'image de SG Securities qui table sur une dette de 12 milliards d'euros. Mais pour Merril Lynch, en 2002 l'endettement du pôle médias devrait plutôt se stabiliser autour de 16,9 milliards d'euros. Soit environ 2,7 fois les prévisions d'Ebitda (y compris USA Networks).Si Vivendi a assuré que 2002 serait l'année de la stabilisation après les changements de périmètre de l'an passé, quelques opérations d'ajustement du périmètre et de règlement sont néanmoins inscrites au calendrier du début d'année. Vivendi pourra notamment compter sur la cession de son pôle de presse professionnelle pour un montant attendu entre 1,3 et 1,6 milliard d'euros. Mais il devra aussi procéder à d'importantes sorties de cash, dont le paiement au premier trimestre de 1,5 milliard d'euros pour la participation de 10% dans Echostar.En Bourse, après la baisse de 2,5% enregistrée vendredi, le titre Vivendi a de nouveau reculé lundi. Il a abandonné 5,28% sur la séance, soit la plus mauvaise performance du CAC 40, pour clôturer à 59,20 euros. Une correction jugée normale pour les analystes, qui rappellent qu'après un placement de ce type, les cours ont tendance à s'ajuster sur le prix de l'opération. latribune.f
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