Le CSA retarde le calendrier de la TNT

La nouvelle ne surprendra sans doute qu'à moitié les défenseurs des 66 projets candidats pour le lancement en France de la télévision numérique terrestre : le Conseil supérieur de l'audiovisuel a décidé de retarder de trois mois le choix des chaînes retenues pour essuyer les plâtres de la TNT. Une décision annoncée à six jours seulement de l'ouverture des auditions des candidats, qui avaient déposé leurs dossiers fin mars. Ce retard officialise la volonté de temporisation dans ce dossier exprimée ces dernières semaines par le nouveau ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, et par le président du CSA, Dominique Baudis. Le ministre avait souligné mi-mai "le risque que le numérique terrestre fait courir à l'ensemble du dispositif des télévisions thématiques actuelles". Quant au premier des neuf sages de l'audiovisuel, il avait évoqué samedi, sur Radio Classique, sa volonté de "donner à cette technologie tous les moyens de se mettre en place dans les meilleures conditions afin d'éviter les crises médiatiques". Il est vrai que l'actualité a fourni des arguments aux partisans de la temporisation, le numérique terrestre ayant subi deux échecs cuisants ces derniers mois. Le bouquet Quiero TV a mis la clé sous la porte en Espagne, quelques jours après le britannique ITV Digital, filiale commune aux groupes Carlton et Granada. Ces deux faillites ont réveillé les interrogations sur le modèle économique de la TNT et fourni du grain à moudre à ses adversaires résolus, au premier rang desquels le numéro un du secteur en France, TF1, mais aussi M6 et les câblo-opérateurs, farouchement opposés à la naissance de nouveaux concurrents gratuits. En retardant ses décisions sans remettre en cause les audiences des candidats, le CSA crée en outre une "fenêtre" permettant de répondre à la demande de "concertation" du ministre de la Culture. Dès la fin des auditions publiques, explique le conseil, il engagera donc "une concertation avec le gouvernement en vue de trouver des réponses aux questions techniques, économiques et juridiques encore en suspens, et de préparer le calendrier de déploiement opérationnel de la TNT", détaille-t-il. Les décisions étant repoussées à la fin octobre, la délivrance des autorisations d'émettre, qui nécessite la signature définitive des conventions avec les chaînes retenues pour les 33 canaux disponibles, prendra elle aussi du retard. Elle était jusqu'à présent prévue avant la fin de l'année. Les candidats devront donc sans doute reporter leurs ambitions au printemps 2003... au mieux. Au Royaume-Uni, le groupe BSkyB de Rupert Murdoch pourrait s'allier à la BBC pour tenter de relancer le numérique terrestre, après la disparition de ITV Digital. Selon le Times, les deux groupes devraient déposer cette semaine une demande de licence au régulateur. Partiellement financé par la redevance perçue par la BBC, le solde provenant de la publicité, le nouveau bouquet serait accessible aux téléspectateurs équipés d'un décodeur coûtant moins de 100 livres (167 euros).
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